Dans le genre niche du Versus Fighting, le studio French Bread est probablement l'équipe la plus méconnue, pourtant en activité depuis 25 ans. S'étant fait connaître d'abord dans les années 2000 avec Melty Blood, réalisé dans l'univers de Tsukihime du studio Type-Moon (qui créera par la suite la licence Fate), celui-ci a su se créer sa niche de fans avec les différentes itérations. En 2012, le studio décide de se lancer dans sa propre franchise de jeu de baston, et arrive alors UNDER NIGHT IN-BIRTH sur arcade, puis Playstation. Avec ses multiples itérations, le jeu parviendra même à se trouver une place officielle à l'EVO en 2019. S'en suivra une petite pause lorsque le studio revient à son premier amour lors de la sortie de Melty Blood : Type Lumina en 2021, et ses années de suivi. Mais désormais, UNI est de retour, avec suffisamment de changements pour que les 14 développeurs du studio décident de l'affubler d'un numéro "2".

Simple à prendre en main, facile à s'amuser

Rappelons tout d'abord comment se joue UNI. Il s'agit d'un jeu de combat 2D en pixel art qui se joue à 4 boutons : les trois premiers, A B et C, servent à frapper son adversaire plus ou moins fortement. Le bouton D est un bouton d'action spéciale, permettant d'activer des mécaniques spéciales du jeu ou l'Ultime du personnage. En bon anime fighter, UNI dispose d'un auto-combo sur le bouton A et surtout d'une gatling : les boutons pressés sont "stockés" durant l'action qui se déroule, offrant un timing d'enchainement bien plus permissif que sur, disons, un Street Fighter où le timing est la clef des combos. Rajoutez à ça les traditionnels quarts de cercles de la baston 2D, et vous avez UNI. Basique. Simple. Accessible. Il ne manque plus que de saupoudrer de la mécanique de GRID : lorsque vous frappez ou avancez vers l'ennemi, vous gagnez des losanges de GRID, permettant de réaliser quelques actions spéciales. Dans le même temps, le compteur Vorpal tourne, et vient régulièrement offrir un buff au joueur qui a le plus de losanges. En parallèle, bloquer des attaques et reculer vous fait perdre du GRID. Pour ceux qui aiment quand on récompense les joueurs agressifs, ceux qui sauront mettre leur adversaire dans le coin et qui lui cracheront leurs plus belles techniques jusqu'à faire craquer la garde, il ont UNI . Nerveux. Profond. Riche.

Un bon Versus Fighting, ça tient aussi dans ses personnages, et leurs différences. Et sur ça, UNDER NIGHT fait du très très bon boulot. Vous avez du simple, vous avez du très complexe. Vous avez du classique, vous avez du bizarre. Prenons Wagner par exemple : ce petit bout de femme a bien compris que la meilleure défense, c'est de charger l'ennemi et lui marcher dessus : elle se joue majoritairement à coup de Quart de Cercle Avant et d'attaque Avant, en mettant des gros coups dans la face. Parfait pour commencer. Puis nous avons Vatista, sorte de lolita gothique. Ici, on ne dit pas "personnage à charge" parce qu'elle traverse l'écran pour nous renverser : c'est un personnage à Charge, où il faut maintenir le stick dans une direction opposé pendant 1 seconde avant de vivement le ramener dans la direction opposé lorsque l'on presse le bouton pour sortir une technique. Bien plus complexe. Et Vatista a des Charges sur TOUTES ses techniques spéciales. Dans presque toute les directions. Des heures d'entrainements vous attendent pour réussir à exploiter son énorme potentiel. Et vous pouvez répéter ça sur l'ensemble du cast : Enkidu et ses super enchaînements de karaté quand on martèle A, Yuzuhira et ses coups de katanas qui traversent l'écran, Photon et son fouet qui vous balance dans tout les sens, Walstein et ses command grabs 720° (oui oui)... Et les 3 nouveaux personnages s'inscrivent bien dans tout cela : Tsurugi allie savamment la défense avec son gros bouclier (il a même une technique spéciale pour se mettre en garde) et l'attaque avec... son gros bouclier (une fois en garde, il a d'autres technique pour taper; oui, c'est un jeu offensif). Kaguya séduira les joueurs fans de gros calibres. Elle se bat également avec 2 pistolets similairement à une Noël de Blazblue, mais qui jouera plus avec ses adversaires pour les faire rebondir et s'envoler par son attirail. Kwon, enfin, le nouveau boss d'histoire, est mi-Hyde, mi-Hilda, et surtout 100% broken. Voilà pour votre dose de sel de la journée.

10 ans de contenu

Pour ceux qui prennent UNDER-NIGHT IN-BIRTH II, il y a de quoi s'amuser : outre un cast désormais assez fourni, le jeu propose plusieurs modes de jeu solo : un traditionnel "Mode Arcade" permettra de profiter du petit scénario du jeu à propos de sa "Hollow Night" en affrontant des adversaires de plus en plus puissants. Un mode "Survival" nous fait affronter des vagues d'adversaires sans regagner de vie, en pure endurance. Le mode "Time Attack", lui, nous chronomètre sur une série d'ennemis pré-définis, pour ceux qui veulent démontrer leur talent à finir plus vite que leurs partenaires de joute. Enfin, le mode "Mission" permet de se faire les doigts sur des combos d'entrainements de plus en plus ardus et nombreux. Les débutants pourront aussi se pencher sur le mode "Tutoriel" très complet avec ses 179 tutos qui vont de "Les personnages et la barre de vie" à "Même attaque dans un passing link grâce au Smart Steer" (à vos souhaits). Tout le monde y trouvera son compte. On a aussi les derniers modes habituels des jeux de combat : "l'Entraînement" pour se familiariser avec un personnage ou se trouver ses combos dévastateurs, et le mode "VS" pour les appliquer face à d'autres personnes, en local ou en ligne.

Avec cette nouvelle mouture d'UNI arrive une fonctionnalité très guetté des accros de la baston : le rollblack netcode. Technique désormais popularisée sur les jeux en réseau permettant de limiter le délai de connexion entre deux joueurs au prix de venir manger quelques frames ici et là, de manière complètement transparente quand c'est bien fait. Et heureusement, ici c'est plutôt le cas ! L'infâme netcode des précédentes versions qui avait scarifié si longtemps le jeu en ligne est désormais remplacé par un code réseau digne du monde moderne... Quand il ne plante pas. La stabilité du lobby n'est actuellement pas grandiose, avec des déconnexions environ toute les heures, et l'ensemble des patchs des développeurs concernent cet aspect. Gageons que, dans les mois à venir, ce ne soit plus qu'un mauvais souvenir. Pendant ce temps, tout les matchs solos ou en ligne accumulés permettent de gagner une monnaie en jeu afin de s'offrir différentes couleurs de personnages, des illustrations, des personnalisations de bannière... Toujours agréable de s'acheter un petit bonus quand on progresse.

Un travail de fond peu visible

Il est bien beau de présenter la licence UNDER NIGHT, mais s'il s'agit de la cinquième itération de la série, c'est aussi la première à avoir un vrai chiffre romain en plus d'un sous-texte différent. C'est qu'il doit s'agir d'un grand changement pour la série, n'est-il pas ? Et bien, c'est là où le bât blesse : pour qui a déjà joué à UNDER NIGHT, il retrouvera plus ou moins le même jeu que ceux précédents avec cet épisode. Mêmes sensations, mêmes combos, mêmes mécaniques. Peu de choses changent manettes en main. Il y a bien eu un re-travail artistique sur les artworks des personnages (re-travail assez discuté dans la communauté par ailleurs), et toute l'ossature des menus et de l'ergonomie a été retravaillée, avec moult petits détails rendant la vie pratique comme par exemple le changement de personnage en mode "Entraînement" sans devoir relancer le menu, ou bien la possibilité de paramétrer quel écran de lancement on va avoir pour arriver directement, simple exemple, sur le mode "En Ligne". Le rollback netcode est bien évidemment la grande nouveauté du jeu, ainsi que les tout nouveaux lobbys. On peut aussi personnaliser les tenues de nos personnages, c'est très sympa. Et enfin, chaque personnage a reçu un, si ce n'est plusieurs nouveaux coups. Du travail, il y en a eu. Mais sur la même période que Street Fighter VI, Mortal Kombat 1 et TEKKEN8, qui offrent de tout nouveaux visuels, changent profondément les systèmes avec des ajouts d'Assistance ou la mécanique de Drive, qui offrent des modes solos très travaillés... UNI 2 passe pour une évolution timide. D'autant plus que le prix est loin d'être négligeable : 50€. Rappelons que sur Steam , le prix de vente de Street 6 est à 60€ et TEKKEN 8 à 70€. Peu de différence de prix, forte différence d'évolution. Bien évidemment, les jeux n'ont pas non plus la même popularité ou la taille d'équipe et les comparer directement serait lunaire. Il faut néanmoins reconnaître que ces dernières années, tous ont fait l'effort de se réinventer pour la sortie de leur nouvel épisode principal, comme Guilty Gear avec StrIVe, là où UNDER NIGHT II ressemble plutôt à une grosse refonte payante comme GrandBlue Fantasy Versus Rising pour rester chez ArcSystem Works. Au moins, French Bread fait preuve d'une vraie générosité à l'égard de ses fans puisque le Season Pass est gratuit pour tout les acheteurs jusqu'au 31 Mars 2024, avec 3 nouveaux personnages de prévu. C'est presque émouvant, quand on voit les politiques de monétisations de Capcom ou NetherRealm.