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Persona 3 Reload

Persona 3 sauce Persona 5?

À l'origine un spin-off de la série des Shin Megami Tensei, la licence Persona devient petit à petit la licence principale chez Atlus, allant même jusqu'à se débarrasser de sa filiation dans son titre à partir du cinquième opus sur PlayStation 4. C'est ce dernier qui a permis à Persona de gagner énormément en popularité en Europe et qui a donné envie à Sega et Atlus de proposer de nombreux portages et autres remasters, et ce afin de remettre d'anciens épisodes oubliés sur le devant de la scène. En ce début d'année 2024, ils nous proposent leur premier remake, Persona 3 Reload, le troisième épisode de la saga.

Une étrange nuit

Vous incarnez un jeune lycéen en deuxième année qui vient d'être transféré dans une nouvelle ville (Iwatodai) et un nouvel établissement (Lycée Gekkoukan). Lors de votre arrivée, en sortant de la gare, vous commencez à voir des cercueils flottants partout ainsi que des tâches de sang sur le sol. Malgré ces visions étranges, vous décidez de vous rendre dans le dortoir dans lequel vous séjournerez pendant toute l'année. Là-bas, vous tomberez sur un jeune garçon étrange vous demandant de signer un contrat tout aussi curieux. Vous rencontrerez ensuite les autres étudiants qui dorment dans le même bâtiment que vous avant d'aller vous coucher.

Plusieurs jours plus tard, vous êtes attaqués par des monstres appelés "Ombres" pendant la nuit. En essayant de vous enfuir, vous trouvez un pistolet sur le sol et vous vous tirez instinctivement une balle en pleine tête pour réveiller votre pouvoir, invoquer votre persona et vous défendre. Suite à cette nuit mouvementée, vos compagnons d'infortune du dortoir vous expliquent tout : ils peuvent eux aussi invoquer des personae, et il y a une 25ème heure dans la journée pendant laquelle la majorité des gens sont transformés en cercueils et sont inconscients. Tous les soirs, durant ce laps de temps, une tour immense apparaît: le Tartare. Il vous revient alors la tâche de l'explorer jusqu'au sommet pour élucider le mystère de cette heure supplémentaire appelée "l'heure sombre".

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Le J-RPG entre Dungeon Crawler et Dating Sim

Comme pour Persona 4 et Persona 5, la boucle de gameplay s'articule autour de deux phases: les phases de jour pendant lesquelles vous êtes un lycéen classique avec votre emploi du temps et vos moments libres, et les phases de nuit pendant lesquelles vous explorerez le Tartare et combattrez des ombres. Concrètement, pour les phases de jour, vos journées sont découpées en plusieurs moments: le matin , l'après-midi, l'après école et le soir. Le matin et l'après-midi pendant la semaine (du lundi au samedi), vous serez en cours et n'aurez pas d'autres choix que d'être en classe. C'est à partir de l'après école que vous serez libre de faire ce que vous voulez : voir des amis pour améliorer vos liens avec eux (appelés SLINK, pour Social link), vous inscrire dans des clubs (comme le club d'athlétisme, par exemple), aller travailler pour le café du coin pour vous faire un peu d'argent, etc. Le tout en sachant que certaines activités ne peuvent être faites que certains jours de la semaine : par exemple, le club d'athlétisme est fermé le mercredi. La même chose est valable pour le soir si vous décidez de ne pas aller explorer le Tartare.

Chaque activité peut être soumise à des contraintes. En effet, votre personnage dispose de 3 caractéristiques sociales, à savoir le courage, le charme et le savoir, et que vous pourrez augmenter pendant ces mêmes phases de jours. Vous pouvez répondre correctement à une question que vous a posé un professeur pendant la journée de cours pour gagner du savoir, regarder des films romantiques pour gagner en charme ou jouer à des jeux vidéos effrayants pour gagner du courage, entre autres activités possibles pour augmenter ces statistiques. Au bout d'un certain nombre de points gagnés, vous pouvez monter de niveau dans ces caractéristiques, jusqu'au niveau 6. Vos caractéristiques augmentées vous permettent alors de débloquer encore plus d'activités pendant les phases de jour. Le courage permet par exemple de rentrer dans un club qui vous est inaccessible au début, tandis que le charme permet de commencer ou de continuer des SLINKs avec certains personnages. La boucle de gameplay est grisante et vraiment addictive, d'autant que monter ses SLINKs permet d'en apprendre plus sur les personnages du jeu ainsi que d'obtenir des bonus dans les phases de nuit. Chaque montée de niveau dans vos caractéristiques vous ouvre de nouvelles activités. Si vous êtes familier avec la licence, ce système ne vous dépaysera pas. Cependant, les activités sont très peu nombreuses comparées à un Persona 5, et même si l’on est vite happé par cette routine, au bout de quelques heures de jeu on se rend compte que l’on se retrouve souvent à faire les mêmes activités en boucle.

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Les phases de nuits sont bien sûr très différentes. Quand le soir arrive, au lieu d'aller faire des activités en ville, vous pourrez décider d'aller explorer le Tartare. Cela se présente comme un donjon généré de manière procédurale qui est remis à zéro tous les soirs. Tous les 5 à 10 étages (environ), vous y trouverez des checkpoints qui vous permettront de recommencer directement à partir du même étage le soir suivant. Le but est simple: en troisième personne, vous courrez dans des couloirs jusqu'à trouver les escaliers vers l'étage supérieur en combattants des ennemis sur le passage. Les combats se passent au tour par tour, à base d'attaques basiques avec votre arme (une épée pour le protagoniste et d'autres types d'armes pour les autres personnages) et d'attaques élémentaires avec nos personae. Les ennemis ont bien sûr des résistances et faiblesses: si vous arrivez à taper sur une faiblesse, l'ennemi trébuche et vous pouvez avoir un "one more" pour rejouer avec le même personnage. Et si vous mettez tous les ennemis à terre, vous pouvez faire une "all out attack", une sorte de super attaque de groupe qui inflige des dégâts à tous les ennemis. C'est une formule qui marche et qui a déjà fait ses preuves dans Persona 4 et Persona 5.

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Le protagoniste a aussi une particularité: il a accès à une salle spéciale, la chambre de velours, dans laquelle il peut fusionner des personae (à récupérer à la fin des combats) pour en faire de nouveaux plus puissants. Vos coéquipiers, quant à eux, n'ont qu'un persona attitré du début à la fin du jeu. Et c'est ici que les phases de jour et de nuit s'entremêlent, car vos SLINKs permettent d'avoir des personae encore plus puissants via la fusion, tandis que vos caractéristiques sociales vous permettent d'avoir des avantages en combat.

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Un jeu qui accuse le poids des années

Persona 3 est un jeu de 2006, et le remake n'arrange rien à ce niveau. On arrive à voir alors toutes les améliorations que Persona 5 a pu amener à la série. L'exemple le plus frappant est le Tartare, un simple labyrinthe sans âme avec des étages qui se ressemblent tous et qui devient rapidement ennuyant et redondant (surtout quand l'on sait le nombre d'étages qu'il possède…). On est bien loin des palaces "faits main" de Persona 5.

Les SLINKs sont aussi à mon goût plus poussés dans Persona 5. Dans ce dernier, chaque personnage de notre équipe possède son propre SLINK, ce qui n’est pas le cas ici (pas pour tous du moins), ce qui diminue l’attachement que l’on peut avoir envers les personnages de notre groupe et donc notre immersion qui est un point primordial dans un jeu Persona. En bref, on voit que c'est un jeu qui a 18 ans et qui est resté "dans son jus", le remake ne se concentrant presque que sur l'aspect visuel, à deux ou trois ajouts près. Comme par exemple le fait de pouvoir faire jouer un autre coéquipier si l'on arrive à toucher le point faible d'un ennemi, ainsi que quelques améliorations d'ergonomie (ou QoL, pour Quality of Life). Ce qui est un peu dommage quand on voit le prix de vente à 70 euros mais aussi le retrait de contenu: The Answer (qui était un chapitre supplémentaire à la fin du jeu) et le FeMC (pour Female Main Character qui permettait de jouer un protagoniste féminin avec notamment des SLINKs différents), ajoutés dans Persona 3 FES (une version améliorée de 2007), sont aux abonnés absents. D'après les rumeurs, ceux-ci seront vendus en season pass à une vingtaine d'euros: à 90€, ça commence à faire cher le jeu de 2006...

Un aspect visuel et des ajouts qui soufflent le chaud et le froid

Les attraits les plus importants de ce Reload sont évidemment l'aspect graphique et les améliorations apportées. Dans ce qui marche bien, on a le doublage de qualité, qui a été entièrement refait et qui concerne l'ensemble des dialogues, même les plus optionnels. Ce qui est assez impressionnant au vu de la quantité de ceux-ci ! Visuellement, l'aspect général se rapproche fortement de Persona 5 Royal, et est même mieux au niveau des animations en combat, qui sont vraiment excellentes. A contrario, le jeu devient beaucoup moins sombre et glauque pour proposer une ambiance beaucoup plus lumineuse, et encore une fois se rapprocher de Persona 5. Ce qui est dommage étant donné le propos du jeu d'origine, bien plus sombre. On a aussi de drôles de choix de direction artistique, comme le club dans lequel aucun PNJ n'est animé, où ils sont commes "figés". Les remix des anciennes musiques et les nouvelles (comme la nouvelle piste pour les combats) sont de très bonne facture comme à l’accoutumé avec la licence.

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Verdict: 7/10

Persona 3 Reload est un bon jeu, mais qui accuse le poids des années dans sa structure. Malgré toutes les améliorations graphiques et de quality of life présentes, on arrive bien à voir tous les bienfaits que Persona 5 a apporté à la série, que ce soit les activités plus nombreuses, les SLINKs plus poussés ou les palaces avec un vrai level design par rapport au Tartare et sa génération procédurale. Nous sommes donc aujourd’hui face un bon J-RPG de 2006 sans les DLCs inclus (qui arriveront probablement plus tard... avec paiement supplémentaire) avec une esthétique « moderne » vendu 70 euros. Il faudrait peut-être ne pas oublier que nous sommes en 2024.

Atlus JRPG Persona 3 Reload

Critique rédigée par Ouesse
Publié le 22/02/2024 à 10:36

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