Dans la vie, il y a des choses qui ne s’expliquent pas. Comme acheter une Wii U d’occasion lors de son séjour au Japon dans un magasin Hard-Off du coin. Ceci est une histoire vraie qui m’est arrivée pas plus tard que cet été. Si je vous raconte ça, c’est parce que cette chère petite Wii U n’est pas vraiment restée dans les mémoires des joueurs. En témoigne le prix ridicule auquel je l’ai acquise : 3500 yens, soit 21 euros environ, toute belle, toute neuve (ou presque) dans sa boîte Pack Mario Kart 8. Au diable le ramen du soir, je décide de franchir le pas. Une fois rentré chez moi, je décide de déballer et brancher la bête, et soudain, la nostalgie s’empare de moi. Des flashback de m’envahissent, je vois une mablette, des zombies, et moi-même tentant de convaincre ma famille que Nintendoland, c’est génial, un soir de Noël 2013. Avant l’arrivée de la Switch 2, voici l’histoire de la Wii U, console injustement boudée de Big N.
Au commencement était une présentation E3 absolument rocambolesque. Après le carton monumental de la Wii et du motion gaming, on y était. C’était juin 2011 et Nintendo allait enfin présenter le successeur. Un temps que les moins de 15 ans ne peuvent pas connaître. Un temps où les constructeurs attendaient la grand-messe de Los Angeles pour annoncer leur future console! Une autre époque… Bref, nous voici donc dans la salle, accompagnés de centaines de journalistes fébriles. On s’était hypé pendant des mois sur le “Project Café” (le nom de code de la console), la démo technique de Zelda et les concepts arts plus alléchants les uns que les autres. Il y avait comme une odeur de retour de l’ère Gamecube dans l’air. Et soudain, la “mablette" apparue. Console? Simple accessoire? La confusion régnait dans la salle tout au long de la présentation. Tout l’inverse de la Wii, qui n’était qu’une Gamecube boostée, mais dont toute l’image avait été soigneusement travaillée pour marquer une rupture totale. Un fail monumental pour la naissance de cette console, sans doute un des plus gros de l’E3; avec la présentation de Wii Music, mais incomparable au niveau de l’enjeu. Sans surprise, le grand public n’a pas répondu présent après cette communication ultra confuse. L’histoire commençait mal…
Proposée en deux versions, l’une basique (blanche) avec ses 8 pauvres Go de mémoire, et l’autre “premium” (noire”) et ses 32Go, la console débarque en novembre 2012, à un mois des fêtes de fin d’année. Une fenêtre idéale, pourrait-on penser. Sauf qu’il n’y a pas de “Zelda Breath of The Wild” pour lancer la fusée. Pire, aucun jeu proposé au lancement n'en justifie l’achat. Et ce n’est pas New Super Mario U (pourtant très bon), épisode dans la droite lignée de son prédécesseur, qui assurera ce rôle. Croyant refaire le coup de la Wii, Nintendo a cru bon de fournir un jeu censé exploiter le gameplay asymétrique de la console, Nintendo Land. Sur le papier, cela donne assez envie. Sauf qu’en pratique, ça ne prend pas. Wii Sports avait le génie d’être immédiatement compréhensible et accessible à des gens qui ne jouaient pas aux jeux vidéo. Prendre la wiimote et faire les gestes du tennis, bowling ou encore golf avait quelque chose de vraiment convivial. Quand bien-même la détection de mouvement était aux fraises, on avait l’impression que ça fonctionnait. Malheureusement, Nintendoland n’a jamais réussi à reproduire cet effet. La faute à un concept de gameplay asymétrique trop compliqué. Contrairement à Wii Sports, Nintendoland n’a pas passé le crash test de Noël en famille (c’est du vécu.).
Eh oui, on ne le répétera jamais assez, le meilleur jeu de ces vingt dernières années (choix totalement arbitraire) est un jeu Wii U! Star du lancement de la Switch, Zelda Beath of the Wild était uniquement prévu sur Wii U au départ, (il est même d’ailleurs sorti sur cette dernière.) ce qui en fait d’office la meilleure console de ces vingt dernières années. Bon, trêve de mauvaise foi, il faut tout de même avouer qu’une bonne partie du catalogue Switch provient directement de son aînée. Et pas des moindres : Mario Kart 8, Donkey Kong Tropical Freeze ou encore Mario 3D World sont autant de portages directs (et de très bons jeux). C’est peu dire que la Switch a profité du catalogue Wii U dans ses premiers mois de vie pour se tailler la part du lion. Et même encore aujourd’hui en fin de vie, les portages arrivent. Tiens, on me dit dans l’oreillette que la dernière exclue Wii U (Xenoblade X) va être portée sur Switch. Au-delà de ces portages, la console bénéficiait de quelques titres aux idées bien sentie, profitant du gameplay asymétrique permis par la "mablette". On pense notamment à Zombie U, ou encore Starfox Zero. Malheureusement, au-delà de ces deux titres (et de Nintendoland évidemment), le gameplay asymétrique est resté un gimmick fort dispensable dans la plupart des jeux.
La Wii U, c’était aussi la bonne époque où les consoles de salon se distinguaient clairement des portables. Le couple Wii U / 3DS fut donc le dernier de Nintendo. Mais c’était aussi une console virtuelle très bien fournie, ce qui manque beaucoup à la Nintendo Switch. Si on ajoute la rétrocompatibilité totale avec la Wii, le catalogue de la Wii U devient vraiment intéressant. On a même la possibilité de jouer en mode “tablette” aux jeux Wii, la mablette disposant de capteurs infrarouges. Bien entendu, on ne s’étendra pas davantage sur le sujet, mais en “modifiant” la console, elle devient simplement la meilleure console retrogaming a avoir sous sa TV. Malheureusement, la Console Virtuelle a fermé ses portes en avril 2024. Les jeux déjà achetés peuvent encore être téléchargés, mais impossible de les acheter.
Certes, la Wii U a été un échec commercial cuisant pour Nintendo, après le carton de la Wii. La faute à un marketing complètement foiré, et un positionnement douteux. Les casus étaient rassasiés avec leur Wii, tandis que les “hardcore gamers” ne faisaient plus confiance à Nintendo. À bien y regarder, tous les ingrédients du bide étaient là. Mais il serait franchement injuste de la mettre à la poubelle, tant elle a posé toutes les bases du succès de la Switch. Alors si comme moi, vous tombez sur une console d’occasion à vil prix, je ne peux que vous conseiller de vous jeter dessus. Histoire de dire “j’y étais”.
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