Sorti en 2019, Remnant : From The Ashes avait constitué une belle surprise. Reprenant la formule assez classique des shooters coopératifs, il y ajoutait une direction artistique originale et un soupçon de “darksoulisation” (voilà, le mot est lâché). Quatre ans plus tard, sa suite, sobrement baptisée Remnant II, débarque sur consoles et PC. Le studio Gunfire Games ayant bien grandi depuis, la licence est passée d’un AA à un presque AAA. Une suite solide, qui améliore presque en tous points la formule originelle.
La Racine, un mal qui s’étend et corrompt tout sur son passage, contamine un monde devenu dévasté. C'est dans ce contexte post-apocalyptique que notre survivant erre à la recherche d’une communauté pouvant lui offrir la sécurité, le Service 13. Manque de pot, une fois cette communauté trouvée, notre héros et ses amis se voient aspirer par un artefact et envoyés dans une sorte de multivers. Il va donc falloir se retrousser les manches et partir à la recherche de nos amis, en parcourant différents univers. À mesure de notre avancée, on va en découvrir plus sur la Racine, mais aussi sur le Service 13. La narration n’est clairement pas le point fort du titre, mais le jeu a la bonne idée de ne pas nous l’envoyer grossièrement à la figure. L’univers et le lore du jeu se développent en grande partie grâce aux notes que l’on ramasse dans les différents univers, ainsi qu’en tapant la causette avec les PNJs.
Vous l’aurez compris, le Service 13 joue le rôle de HUB, à partir duquel on va pouvoir se rendre dans les différents univers générés en partie aléatoirement. Mais avant cela, il faut personnaliser notre avatar et choisir une classe. L’outil de création est vraiment très basique, et on croise souvent les mêmes visages en ligne. Mais ce n’est pas tant un souci dans un jeu où l’on va passer 90 % du temps sous une armure, voire sous un casque. Vient ensuite le moment de choisir sa classe: cinq archétypes différents sont disponibles dans Remnant II, soit deux de plus que son aîné. Le pistolero, comme son nom l’indique, joue du revolver pour occire ses ennemis. Le chasseur, quant à lui, préfère aligner ses cibles à distance. Le médecin est précieux pour soigner, ranimer ou assister ses copains, et le maître-chien est une sorte de mix entre médic et DPS. Son fidèle berger peut d’ailleurs le ranimer lui ou ses acolyte: une classe très pratique pour le jeu solo. Si ces classes n’ont rien de très original dans l’ensemble, elles ont le mérite d’êtres toutes plaisantes à jouer. Et comme dans beaucoup de jeux du genre, les médics sont très appréciés en ligne. Le système de traits est toujours de la partie: à mesure de notre capacité, on glane des points de trait que l’on peut utiliser pour monter son endurance, sa santé ou encore réduire le cooldown entre l’utilisation de nos capacités. Une fois les dix points de trait atteints, on peut débloquer une seconde classe pour notre personnage. De quoi relancer l’intérêt du gameplay.
Une fois en mission, les joueurs de Remnant premier du nom ne seront pas dépaysés. On est toujours dans un shooter coopératif exigeant, aux forts relents de Dark Souls. Chaque personnage dispose de deux armes de poing, ainsi que d’une arme de corps-à-corps. Pour se soigner, une potion d’Estu… euh, une Relique de soins, utilisable jusqu’à trois fois. Chaque personnage dispose en outre d’une capacité spéciale. Le maître-chien peut par exemple envoyer son serviteur attaquer un ennemi précis et prendre l’aggro. Premier point à noter: les sensations de tir ont été améliorées par rapport au premier épisode, et sont vraiment satisfaisantes. On tire, on court, on esquive, tout cela fonctionne plutôt bien. Malheureusement, quelques soucis d’ergonomie sont à déplorer. En premier lieu, l’esquive, attribuée par défaut au bouton croix (sur Playstation 5) n’est pas des plus intuitives. Combien de fois me suis-je accroupi d’une pression sur rond au lieu d’esquiver, entraînant une mort rapide… Une touche de saut n’aurait d’ailleurs pas été de refus, car il faut souvent s’y prendre à plusieurs fois avant de réussir à escalader un obstacle à l’aide de l’action contextuelle. Dans Remnant II, il est tout à fait possible de partir sur un personnage orienté corps-à-corps. Du moins en théorie. En pratique, on trouve bon nombre d’ennemis volants, ou même de boss, très difficiles à atteindre sans shooter à distance: une erreur de game design pouvant s’avérer frustrante. Un autre gros problème en combat est l’absence d’indicateur de menace. On comprend la volonté des développeurs de faire un jeu exigeant, mais franchement, avoir des ennemis qui poppent dans votre dos et vous attaquent sans les voir venir, c’est moyen. Heureusement, jouer à plusieurs atténue ce problème.
Car Remnant II est un jeu qui pousse à la coopération, même s’il est tout à fait faisable seul. On peut donc choisir d’ouvrir sa partie en public, ou seulement à ses potes. On conseille vivement de se limiter à sa bande de copains, car dans un jeu aussi exigeant, jouer avec des boulets peut vite être synonyme de calvaire. On enchaîne alors les niveaux, on se frotte aux boss, et on ne voit pas le temps passer, ce qui est toujours bon signe pour un jeu vidéo. Mais encore une fois, quelques soucis de game design viennent ternir l’ensemble. Déjà, les petites énigmes disséminées ici et là ne collent pas du tout avec l’aspect multi. Attendre qu’un de vos coéquipiers résolve une énigme à la Resident Evil en se tournant les pouces pendant dix minutes n’a rien de très amusant. Ensuite, pour rejoindre une partie, il faut attendre que les autres joueurs activent un cristal pour vous invoquer. On se retrouve donc parfois à attendre plus de cinq minutes après avoir sélectionné un lobby pour enfin jouer. Le pire reste les joueurs qui n’activent pas le cristal, ayant rendu toute votre attente vaine (mais pour le coup, on mettra plutôt ça sur le compte de la bêtise humaine).
Comme dans n’importe quel Souls-like, la mort nous attend à tous les tournants, ou presque. Une mort d’ailleurs pas si punitive, car elle n’implique ni perte d’équipement, ni perte d’XP. Il faudra simplement revenir au dernier point de passage. Le jeu propose trois niveaux de difficultés, et même le premier vous fera déjà bien galérer. On note tout de même un déséquilibre entre les mobs et les boss. Clairement, au premier palier de difficulté, les trash mobs relèvent d’une promenade de santé, tandis que les boss se montrent ultra retors. Car Remnant II fait la part belle aux combats de boss. Dans chaque univers, on trouve des mid-boss et un boss final, générés en partie aléatoirement. La plupart sont très réussis, et reposent sur plusieurs phases. Attention: même à plusieurs, tomber lors d’un combat de boss signifie la plupart du temps un game over. Le timing pour ranimer ses alliés est souvent ultra serré. Certains affrontements mettent notre patience et notre abnégation à rude épreuve, mais une fois un boss tombé, on retrouve cette sensation grisante si caractéristique des Soulslike, sorte de mélange entre fierté et soulagement.
Avant d’arriver jusqu'à ces fameux boss, on explore des mondes à la direction artistique très variée. De la jungle au désert post-apocalyptique, on en voit de toutes les couleurs. Une dizaine d’environnements qui offrent des décors assez originaux, mais pas toujours très inspirés. Le jeu nous envoie dans les différents mondes de façon aléatoire: chaque joueur aura donc une progression différente. Si vous n’avez pas de chance, vous tomberez comme moi sur l’un des environnements les moins inspirés du jeu en tant que premier niveau. On trouve des petites quêtes annexes disséminées dans les niveaux, comme nettoyer une zone avant la limite de temps impartie. Le jeu pousse d’ailleurs à l’exploration, nous donnant des objectifs, mais évitant les gros marqueurs de quête, pour notre plus grand plaisir. Évidemment, l’exploration est toujours récompensée par des coffres et du loot en tout genre. Petit bémol par contre sur la map, pas très lisible ni intuitive.
Comme beaucoup de jeux, Remnant II propose une difficulté adaptée au niveau de notre personnage, ainsi qu’au niveau de notre arme. Une bonne idée sur le papier, mais qui se confronte à un gros problème: améliorer ses armes et ses capacités ne sert fondamentalement… à rien. La résistance des ennemis est corrélée au niveau des armes et donc de leurs dégâts. On peut littéralement terminer le jeu avec ses armes au niveau 1. Cela ruine totalement le sentiment de progression et de montée en puissance, assez problématique pour un jeu du genre. Heureusement, le loot récupéré dans le niveau permet de customiser nos armes en leur donnant des pouvoirs supplémentaires comme électrifier le sol, invoquer des tentacules ou tirer des munitions enflammées. On peut également équiper des mutagènes dans les armes, nous donnant des bonus comme récupérer plus de munitions sur les ennemis tués (ce qui n’est pas du luxe tant la gestion de ses munitions est primordiale). Les armes sont d’ailleurs très variées de base, allant du fusil-mitrailleur traditionnel à des choses beaucoup plus loufoques et excentriques (qu’on préfère ne pas spoiler). Enfin, la Relique peut être améliorée en lui ajoutant différents mods. Malheureusement, la plupart sont assez inutiles dans les faits (causer 1 % de dégâts supplémentaires à distance ne change pas vraiment le gameplay).
Terminons enfin par l’aspect technique. Remnant II joue la carte de la sobriété, n’en mettant pas plein les yeux, mais n’étant pas moche pour autant. Sur console (notre test a été effectué sur Playstation 5), l’ensemble tourne correctement, même si quelques ralentissements sont à noter lorsqu’un grand nombre d’ennemis apparaît à l’écran. Quelques bugs sont également à déplorer. J’ai par exemple eu droit à l’impossibilité de ranimer un allié sur un cristal, car “en combat”, alors que tous les ennemis étaient décimés.
Remnant II, c’est le premier opus en mieux. Reprenant la formule de son aîné, il réussit à la bonifier sur presque tous les plans. Quelques soucis de game design liés à la progression, ainsi que quelques bugs viennent néanmoins ternir le tableau. Pas de quoi bouder son plaisir pour autant, et profiter de la bonne douzaine d'heures nécessaires pour en voir le bout. La grande rejouabilité du titre poussera les adeptes de la formule à multiplier ce nombre par trois ou quatre.
Nous remercions l'éditeur de nous avoir fourni une version PlayStation 5 du jeu.
Dernière modification le 14/08/2023 à 18:29.
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