One Piece en live action. Si on nous avait dit ça il y a encore quelques années, on aurait eu du mal à y croire. Mais ça, c’était avant Netflix et sa tripotée d’adaptations de mangas, pour un résultat souvent catastrophique (rien qu’en repensant à Death Note, des frissons nous parcourent l’échine). Alors tout ce qu’on souhaitait avant de visionner la première saison de One Piece façon Netflix, c’était d’éviter une catastrophe industrielle à la Dragon Ball Origins. Et le résultat est bien au-delà de nos attentes.
C’est donc non sans une certaine appréhension que je lançais le premier épisode de ce live action. Une appréhension assez vite effacée devant le plaisir de retrouver les scènes et les personnages iconiques de la saga, plutôt bien retranscrits. Le casting de One Piece sonne globalement juste, à quelques exceptions près (Mihawk…). Si le jeu d’acteur n’est pas des plus transcendants, on les sent suffisamment impliqués dans le projet pour être crédibles. Luffy dégage une énergie incroyable et une bonne humeur communicative. Mais les personnages secondaires ne sont pas en reste. On pense par exemple à Zeff, parfait dans son rôle de vieux bougon. Mention spéciale également à Baggy, particulièrement bien interprété, et qui trouve son propre style sans tomber dans la facilité en singeant le Joker. Les costumes par contre soufflent le chaud et le froid. Certains sont très réussis, mais d’autres semblent tout droit sortis d’une convention cosplay (on pense très fort à l’ensemble de Mihawk). Les fans seront toutefois ravis de voir que Netflix n’a pas dénaturé certains personnages, en ayant l’audace de reproduire le côté parfois loufoque de certains (coucou les oreilles de chat de Garp). Globalement, le respect du matériau d’origine fait plaisir à voir. La série parvient à capter l’essence du manga, en gardant ce côté cartoon et loufoque sans tomber dans le kitsch à outrance. Oda Sensei a supervisé le projet de près, et ça se sent. La trame principale est d’ailleurs suivie à la lettre.
La série couvrant l’intégralité de la saga East Blue (le tout début du manga), il était essentiel de réussir une chose : la découverte et la rencontre de l’équipage du chapeau de paille. Et force est de constater que tout va très vite, trop vite. Difficile de construire des relations crédibles entre les membres de l’équipage en huit épisodes. Résultat : les relations entre les membres de l’équipage fonctionnent super bien, et on ressent la même synergie entre eux que dans le manga. Le problème, c’est qu’on a l’impression qu’ils naviguent ensemble depuis dix ans alors qu’ils viennent à peine de se rencontrer. La rencontre entre Luffy et Zoro est ainsi expédiée à une vitesse hallucinante, et le taciturne tueur de pirate devient le meilleur ami du chapeau de paille en un épisode. On ne peut s’empêcher de penser que dix épisodes n’auraient pas été de trop pour développer davantage les rencontres entre membres de l’équipage.
Fort heureusement, une fois notre petit monde rassemblé, les synergies entre les membres de l’équipage fonctionnent à merveille. On sent que les acteurs donnent de leur personne et sont contents d'être là. Les flash-back sur chaque membre sont d’ailleurs plutôt bienvenus, permettant de renforcer leur background en leur donnant plus d’épaisseur. Surtout, ils permettent de fluidifier la narration, sans laisser de temps mort, ou presque (seul l’épisode 4 traîne quelque peu en longueur). Point essentiel du manga, les combats sont également vite expédiés dans ce live action. Si on est heureux de ne pas retrouver les combats à rallonge de l’animé et ses horribles longueurs, on est un peu déçu de certains affrontements qui retombent comme des soufflets. Le combat final contre Arlong par exemple, si épique dans le manga, se résume ici à quelques coups de poings pour un total de trois minutes montre en main.
Malgré une volonté de coller au manga, la mise en scène est globalement très plate. Les scènes de dialogues sont toutes filmées de la même manière, à base de gros plans sur la tête du personnage qui parle, et d’arrière-plan flou. Si on finit par s’y habituer, il faut bien avouer que cela fait un peu “cache-misère”, et on se demande parfois où sont passés les 17 millions de dollars par épisode (sans doute en grande partie dans le marketing).
On râle, on râle, mais n’allez pas croire que One Piece est une énième série poubelle dont Netflix a le secret. C’est une pure adaptation de manga, avec ses personnages hauts en couleurs et parfois extravagants. Derrière ses défauts, la série parvient à nous tenir suffisamment en haleine pour nous donner envie d’en voir le bout. De l’aventure fun et colorée, sans prise de tête, qui ne massacre pas la licence; et un respect du matériau d’origine qui fait plaisir à voir. Il n’en faut pas plus pour vous recommander le visionnage, sans pour autant vous attendre à un chef-d’œuvre. D’autant que pour les nouveaux venus, cette série live peut constituer une bonne porte d’entrée à l’univers gigantesque du manga. Notez qu’à l’heure où l’on écrit ces lignes, la saison 2 a été confirmée par Netflix, mais le script ne semble pas encore finalisé, et le tournage ne devrait pas commencer avant 2024.
Dernière modification le 28/09/2023 à 13:54.
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