Fin d’année rime avec nouvel épisode de Call of Duty. C’est comme ça, c’est aussi immuable que les pluies d'automne mosellan, et ça dure depuis une quinzaine d’années. La nouvelle fournée d’Activision se nomme Call of Duty Modern Warfare III, et s’inspire des meilleurs épisodes sortis par l’équipe d’Infinity Ward. On était donc en droit d’attendre une sorte de feu d’artifice final, et à la place, on a plutôt droit à un recyclage en bonne et due forme (remarquez, c'est dans l'air du temps).
Adepte de la licence dans ses plus belles années (allant de Modern Warfare à Black Ops premier du nom, allez), je dois bien concéder avoir suivi l’évolution de la série phare d’Activision d’un oeil de plus en plus lointain, à mesure que les épisodes s'accumulaient et que leur qualité se dégradait. N’écoutant que mon courage, je décide tout de même de prendre le test de ce Call of Duty Modern Warfare III, en espérant renouer avec quelques sensations passées.
On commence donc par le mode campagne, dont les souvenirs de Modern Warfare premier du nom m’habitent encore aujourd’hui. Avancer cerveau débranché, tirer sur des méchants, faire des grosses explosions tout en profitant d’une mise en scène qui m’en mette plein les yeux, voilà tout ce que j’attendais du mode solo. Malheureusement, cette campagne ne livre même pas ce minimum syndical. On a beau réhabiliter Makarov, l’ennemi le plus charismatique de la série, le reste ne suit pas. La mise en scène est d’une platitude confondante, la tension aux abonnés absents, et l’écriture absolument ridicule. Allez, on lui accorde la variété des environnements, le jeu nous baladant aux quatre coins du globe durant les cinq petites heures nécessaires à terminer la campagne. Une durée de vie riquiqui, qui aurait constitué un défaut en temps normal, mais qui devient presque une qualité.
Tournons nous à présent vers le mode multijoueur, qui a toujours représenté une composante importante de la série. De ce côté, Modern Warfare III est très généreux, mais cette générosité passe par énormément (si ce n’est intégralement) de recyclage. Pas une seule nouvelle carte n’est présente, l’intégralité étant reprise d’anciens épisodes de la saga. Ce qui n’est pas un défaut en soi, quand on connaît leur qualité. Seulement, quand on lance un nouvel opus, on s’attend tout de même à trouver quelques maps inédites. Les armes, quant à elles, sont toutes issues de Modern Warfare et Modern Warfare II (remake). Côté gameplay, on ne bouge pas d’un iota. On court, on glisse à terre, et on enchaîne les frags (et les morts) à une vitesse infernale. Call of Duty reste toujours ce FPS facile d’accès, vif, intuitif et accessible, avec un TTK (Time To Kill, le temps nécessaire à abattre un ennemi) très réduit. Les petites répliques des coéquipiers ou de son propre personnage en cours de partie ajoutent à l’immersion (“j’ai éliminé le sniper”, “je recharge”...). L’équilibrage est plutôt bon, et les parties presque toujours tendues. Mettre une bonne remontada des familles à l’équipe adverse ou débloquer un drone ou bombardement après une série de frags fait toujours son petit effet. Le sacro-saint crossplay m’a même permis de me sentir bon, en m’offrant le scalp des petits poissons “consoleux” sur un plateau.
La progression a été légèrement revue. Désormais, il ne suffit pas de monter au niveau maximum pour débloquer l’intégralité des armes, accessoires et bonus. À partir du niveau 25, l’acquisition des objets se fait via un système de quêtes quotidiennes. Cette mitrailleuse de la mort qui tue vous fait saliver ? Il va falloir cocher toutes les cases du cahier des charges pour l’obtenir. Un choix discutable, car s’il permet une plus grande liberté de choix, il oblige aussi à se taper des objectifs pas toujours super funs. On enchaîne donc les parties sans trop se rendre compte du temps qui passe. Jusqu’à ce que le sentiment de répétitivité pointe son museau. Et c’est alors le retour sur terre. On se rend compte que tout accessible qu’il est, Call of Duty Modern Warfare III manque un peu de profondeur. La faute à un gameplay un poil trop arcade (mais bon, c’est une question de goût), l’absence de nouvelle maps, et le manque général d’innovation. L’absence de mode de jeu inédit n’aide pas, même si les traditionnels mêlée générale, match à mort par équipe et domination font le café. Pour résumer, on a l’impression d’avoir déjà joué à ce multi des dizaines de fois. Il reste cependant intéressant pour les joueurs qui n’ont pas touché à un opus de la série depuis des années comme moi (en plus de n’être pas particulièrement doué aux FPS…).
Activision a aussi voulu jouer sur la nostalgie en intégrant le mode Zombie, tant apprécié des joueurs sur les volets précédents. Cette fois, il s’agit de coopérer (ou non) avec 9 autres joueurs pour survivre aux zombies et looter au max dans un monde ouvert. Ce mode reprend pas mal de mécanismes issus de Warzone, à savoir le loot, les contrats et la progression du personnage au fil des parties. Il se permet même de nous livrer un semblant de scénarisation à base de morts-vivants et d’éther noir (oui, bon…). Clairement, ce mode est le plus innovant du jeu, et on peut y passer quelques soirées agréables entre potes. Une façon aussi de joindre l’utile à l’agréable, la progression en multijoueur étant commune. Comprenez par là que tout le contenu débloqué en mode Zombie l’est aussi en mode multijoueur “classique”, et vice-versa.
Call of Duty Modern Warfare III n’est pas un DLC. C’est un jeu complet, vendu 80 euros (prix de vente conseillé). Cela n’en fait pas un jeu innovant pour autant. Recyclant la quasi-intégralité de son contenu, on est clairement face à un jeu développé à la va-vite, histoire de faire rentrer les billets de fin d’année. Cela n’en fait pas fondamentalement un mauvais jeu pour autant (bon, sauf la campagne, franchement). Des bases solides, et un côté addictif qui vient très vite en multi, pour peu que l’on accroche au style. Le mode zombie se permet même de nous surprendre dans le bon sens. Suffisant pour craquer ? Cela dépendra finalement des joueurs. Ceux qui n’ont plus touché un épisode de la licence depuis des années et souhaitent retrouver des sensations passées dans une sorte de best-of peuvent y trouver leur compte. Les autres doivent clairement passer leur tour.
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