Je vous ai déjà raconté la fois où j’ai mis un headshot à mon coéquipier en voulant tirer sur une méchante bestiole, 10 secondes avant l’extraction ? C’est une de mes nombreuses péripéties sur Helldivers 2, auquel j’ai consacré un nombre d’heures indécent cette dernière semaine. Voici mon histoire.
Helldivers 2, c’est la suite de Helldivers (logique, me direz-vous), sorti en 2015 sur PC, Playstation 4 et…. PS Vita. Une autre époque. Un autre style aussi, le soft étant passé de “twin stick shooter” en vue isométrique à TPS avec ce deuxième épisode. Vous voyez Starship Troopers ? Helldivers 2, c’est un peu le même délire. Dès le lancement du jeu, une petite cinématique nous met dans le bain, et nous présente des ambitions ô combien nobles : propager les valeurs démocratiques à travers la galaxie. Bien entendu, pour être défendue, la démocratie a besoin de gros fusils, de bombes et de chair à canon nommée “Helldivers”. C’est donc un de ces “Helldivers”, sorte de soldat à cape du futur, que nous incarnons tout au long de nos parties. Tout au long du jeu, on a droit à cet humour très premier degré, qui fait mouche.
Et comme un Helldiver ne se déplace jamais seul, le titre fait la part belle à la coopération. Bien entendu, il reste possible d’effectuer tout le contenu du jeu en solo, sur le papier. Mais dans les faits, débarquer en escouade de quatre (le nombre maximal de joueurs) sur une planète assure des chances de réussite bien plus importantes, notamment dans les niveaux de difficulté les plus élevés (nous y reviendrons). Un petit tuto façon camp d’entraînement, et nous voilà sur notre noble destroyer, prêt à nous lancer dans la défense de notre Super-Terre et la reconquête de nos planètes. Car si le jeu ne dispose pas d’une véritable campagne scénarisée, il fait l’effort de nous sentir immergés dans une guerre à l'échelle intergalactique. Chaque planète dispose d’un taux de libération, représenté sous la forme d’une jauge. Tous les joueurs en ligne participent donc à l’effort de guerre, et une fois qu’une planète est totalement libérée, on passe à une autre. Un petit aspect “monde persistant” qui fait plaisir, et justifie des petits objectifs disséminés par le jeu, comme par exemple libérer tant de planètes de tel système.
La boucle de gameplay consiste à choisir une planète sur la carte de la galaxie à bord de son vaisseau ; préparer son équipement, débarquer et accomplir les objectifs, revenir en orbite. Et bis repetita. Un pur jeu-service, qui mise sur son ambiance, mais aussi et surtout son gameplay. Les deux menaces sur la démocratie et la liberté se nomment Terminides et Automatons. Les Terminides sont des sortes de grosses bestioles à la Earth Defense Force, qui disposent de plusieurs variations. Créatures ailées, tank, trash mobs sont de la partie pour nous mettre des bâtons dans les roues alors qu’on cherche à remplir nos objectifs. Ces bestioles se déplacent et attaquent en groupe, nous mettant aux prises à des hordes, dont le but est de nous submerger par le nombre. Il faut donc veiller à se placer de manière à couvrir tous les angles possibles, ainsi que ses coéquipiers. Car les coups font mal, très mal. Nos valeureux Helldivers ne sont pas très résistants, et ont tendance à périr après deux ou trois attaques seulement. Autant dire que se retrouver au contact signifie une mort quasi assurée. Les objectifs quant à eux se montrent assez variés : entrer des codes de lancement de missile, escorter des civils, détruire les nids de Terminides sont des exemples parmi d’autres. Les joueurs les plus méticuleux (et les plus doués) peuvent s’amuser à ratisser la map entière, accomplir les objectifs secondaires et ramasser tous les échantillons (qui servent à obtenir des médailles et de l’XP), tandis que les autres peuvent se contenter de foncer vers les objectifs principaux. Une fois nos objectifs remplis, la mission n’est pas finie. Il faut encore appeler un transport et attendre son arrivée pour s’extraire, ce qui donne lieu à de bons moments de tension.
Fort heureusement, nos soldats peuvent compter sur leur équipement, mais surtout leurs stratagèmes, pour venir à bout de la menace et mener à bien leur mission. Côté équipement, on peut porter trois armes : une arme principale, une arme secondaire, et une arme spéciale. Les armes de bases restent relativement classiques, mais nombreuses : mitrailleuses, fusils à pompe, uzis et autres fusils de précision sont de la partie. L’arme spéciale dépend des stratagèmes qu’on décide d’équiper en début de partie. Ces stratagèmes correspondent à des capacités de soutien, que l’on peut “invoquer” en cours de partie, d’une simple pression sur le touche L1 (PS5). La petite originalité, c’est que chaque stratagème nécessite de faire une combinaison de touches sur la croix digitale. “Gauche gauche haut bas bas droite”, on se croirait presque revenu en 2005, à rentrer nos codes de triche dans Grand Theft Auto San Andreas. Une fois la combinaison effectuée, il suffit de lancer notre balise et d’attendre le largage de notre équipement. Ou la frappe demandée. Car si ces stratagèmes permettent de faire venir des armes et du ravitaillement, ils donnent aussi lieu à des frappes (plus ou moins chirurgicales) sur les ennemis. Plutôt utile pour se débarrasser d’un groupe d’ennemis, ou d’un nid. Alors quand toute l’escouade y va de sa frappe orbitale, ou autre barrage de gatling, je ne vous raconte pas les dégâts. Si les modes de difficulté les plus faciles ne requièrent pas forcément le recours à ces frappes, elles s’avèrent vite précieuses, et même nécessaires pour déblayer le chemin dans les modes de difficultés avancés. Le souci, c’est que Helldivers 2 gère le tir allié, et on a vite fait de mettre nos alliés sous les bombes. La communication s’avère donc essentielle pour éviter de malencontreux incidents.
Et ça fonctionne. On se prend vite au jeu du teamplay: “balance une frappe orbitale, je m’occupe de nettoyer les vagues qui arrivent avec mon fusil de précision”. Mieux encore, certaines armes demandent carrément d'être manipulées à plusieurs pour fonctionner. Les objectifs nécessitent également une bonne coordination : un soldat recharge les obus pendant que l’autre le couvre, un autre escorte les civils pendant que les autres font le ménage…
Partout, toujours, la communication et le jeu en équipe sont essentiels dans Helldivers 2. Ce qui signifie aussi que jouer avec des inconnus (de surcroît sans micro), peut apporter son lot de désagréments (que celui qui n’a jamais pesté contre un coéquipier fonçant à l’objectif principal, ou lançant une frappe orbitale sans avertir, me jette la première pierre). Mais bon, on ne peut pas tout avoir… Pour avoir fait pas mal de parties en mode matchmaking avec des randoms, j’ai tout de même trouvé que la majorité des joueurs jouaient le jeu. La maniabilité, quant à elle, est volontairement assez lourde, nous mettant vite à la merci des ennemis. Il ne faut donc pas hésiter à s'accroupir, voire à se coucher, pour être plus précis, et toujours veiller à rester à bonne distance des ennemis.
Pour varier les plaisirs, les développeurs ont ajouté une autre menace : les Automatons. La première fois qu’on débarque sur une planète attaquée, cela fait son petit effet. Avec leurs yeux rouges, leurs vaisseaux qui les larguent par paquets de dix, et l’atmosphère grisâtre et embrumée des lieux, ces robots semblent tout droit sortis de Terminator Salvation. Malheureusement, côté gameplay, j’ai trouvé que cela ne fonctionnait pas aussi bien qu’avec les Terminides. Déjà, les Automatons tirent à distance, ce qui rend d’emblée les affrontements plus compliqués, notre personnage n’étant pas le plus agile de la galaxie. Mais le véritable souci, c’est qu’il semble y avoir un gouffre entre les Automatons et les Terminides, pour le même niveau de difficulté. La brume sur certaines planètes n’aide pas la visibilité, et il devient parfois compliqué de voir nos cibles. Résultat, les affrontements contre les robots sont bien plus difficiles, pour la même récompense. De quoi remettre en cause l’équilibre du jeu. À cela, s’ajoute un objectif particulièrement problématique qui est l’escorte de civils. Ces derniers ont la fâcheuse tendance à se bloquer tout seuls ou se jeter sous le feu des robots. En bref, au-delà du côté sympa de la découverte, j’ai été bien moins convaincu par les affrontements contre les Automatons que contre les Terminides.
Parler de “jeu-service” revient à évoquer l’épineuse question du système de progression. Celui de Helldivers 2 se veut classique, mais honnête. Après chaque mission, on récupère un certain nombre de points d’expérience, de médailles, de réquisitions et de super crédits. Les points servent à monter en niveau, et les médailles à acheter de l’équipement nouveau, qui nécessite que notre personnage ait atteint un certain level pour être utilisé. Les réquisitions, quant à elle, débloquent de nouveaux stratagèmes. Bien évidemment, un pass de combat est présent. Celui-ci permet d'accélérer le rythme de récupération des médailles et des réquisitions. Le bon point, c’est qu’aucun équipement n’est bloqué derrière le pass. Le mauvais, c’est qu’il va falloir cravacher un peu plus longtemps pour le débloquer. Mais Helldivers 2 reste assez généreux en récompenses pour nous éviter de devoir lâcher des euros supplémentaires. D’autant plus que le jeu est vendu 40 euros. L’offre reste donc très honnête.
Le point qui fâche encore, par contre, ce sont ces satanés serveurs. Si l’on peut excuser quelques désagréments lors de la fenêtre de lancement, ceux-ci se montrent à l’heure actuelle (une semaine après la sortie) toujours relativement instables, même si la dernière mise à jour a amélioré l’expérience. Il n'est pas rare de se retrouver déconnecté en pleine partie, et la fonction de recherche de partie rapide fonctionne une fois sur dix. Le jeu étant de plus victime de son succès, les serveurs sont vite remplis, ce qui génère une file d’attente. Les développeurs semblent tout de même travailler d’arrache-pied et sont à l’écoute des joueurs, car les passages soudains en mode diapositive ou encore les bugs de collisions auxquels j’ai eu droit lors des premiers jours semblent à présent de l’histoire ancienne. Un week-end “double XP” a été offert en compensation des déboires du lancement. À noter également que le jeu est jouable en cross-play entre joueurs PS5 et PC, moyennant l’utilisation d’un code ami qui nous rappelle au bon souvenir de l’ère Nintendo (3)DS.
Terminons enfin par un point technique. Le passage de la vue isométrique à la vue TPS est extrêmement bien réussi. On a vraiment la sensation d’être au contact et de traverser toutes ces fumées, et autres particules qu’on voyait de loin dans le premier épisode. Pour ne rien gâcher, le jeu est beau. Les planètes sont variées, et nous font traverser des biomes très différents. Mention spéciale aux effets de lumière et de particules, particulièrement réussis. L’ambiance sonore est également au niveau, avec des musiques épiques et bien dans le ton “nanar hollywoodien”, qui se déclenchent aux bons moments. Les petites phrases lâchées par nos soldats ajoutent aussi un côté très premier degré, qui nous décochera un petit sourire entre deux phases de grande tension.
À première vue, Helldivers 2 a tout du jeu-service déjà vu : escouade de quatre, gros fusils qui font pan pan et loot à gogo. C’est une fois la manette en main qu’on se rend compte qu’on est face à un travail d’orfèvre au niveau du game design. Le jeu en coopération n’a jamais aussi bien porté son nom. Avancer parmi ces hordes hostiles en ayant bien préparé son coup, et user de ces stratagèmes pour décimer les ennemis par paquets de dix a quelque chose d’ultra jouissif, mais aussi addictif. Bien entendu, il faudra voir le suivi du jeu sur la longueur, mais avec une base aussi solide, l’avenir s’annonce radieux… À condition d’augmenter la taille des serveurs ! Sur ce, j’y retourne.
Dernière modification le 19/03/2024 à 11:07.
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