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Suicide Squad : Kill the Justice League

La mort du fun?

Les fans de la série Batman Arkham attendaient désespérément un nouveau jeu Rocksteady Studios depuis 2015. En 2020, l’annonce tombe enfin : les développeurs travaillent sur Suicide Squad : Kill the Justice League. Sauf que les premières rumeurs évoquent un jeu service. De quoi faire redescendre ma hype au niveau de la mer. Manette en main, le résultat suffit-il à la faire remonter ?


La trilogie Batman Arkham a changé à jamais la donne dans l’adaptation des univers de super-héros en jeux vidéo. Si l’on doit prendre pour exemple une licence dans ce domaine, c’est toujours celle-ci qui revient. Rocksteady Studios sont considérés comme les papas du gameplay “free flow” que l’on retrouve dans tous les AAA actuels tels que Spiderman et autres Ombre du Mordor pour ne citer qu’eux. Cette fois-ci, ils reviennent avec un jeu complètement différent des Batman Arkham : place à un shooter looter Suicide : Squad Kill the Justice League. Fini de jouer le chevalier noir, on joue un groupe d’anti-héros : la Suicide Squad. Un roster qui ne parlera pas forcément aux néophytes de l’univers DC, même si quelques-uns de ces personnages ont eu droit à deux adaptations au cinéma (à la qualité plus que discutable) par David Ayer et James Gunn. Les quatre super-vilains Harley Quinn, King Shark, Captain Boomerang et Deadshot sont extraits de leur cellule par Amanda Waller, la directrice de l’A.R.G.U.S, une agence gouvernementale paramilitaire américaine qui va leur confier “une mission suicide” : éliminer la Justice League, qu’on ne présente plus. Nos repris de justice n’ont pas le choix : ils ont une nano-bombe implantée dans le crâne par Waller, et s’ils n'obéissent pas, elle n'hésitera pas à les faire exploser.

Jeu service, mais pas trop

Malgré l’aspect jeu service, les développeurs n’ont pas négligé la narration, bien épaulée par une bonne réalisation avec des cinématiques qui claquent. On retrouve la patte Rocksteady et l’écriture des personnages ne déçoit pas. Dans les grandes lignes, c’est un festival de punchlines, souvent graveleuses, mais drôles. De vrais gamins dans des corps d’adultes. Mention spéciale à la VF, qui est globalement de qualité. À part un ou deux personnages pas franchement dans le ton, c’est un sans faute. Parlons gameplay. Qui dit 4 personnages dit coopération en ligne à 4, mais on peut jouer solo et switcher rapidement entre les personnages. Les déplacements diffèrent donc vraiment en fonction de l’anti-héros choisi, et il est d’ailleurs assez déroutant d’échanger son personnage de prédilection contre un autre. Côté déplacement, c’est assez grisant manette en main. Les personnages sont très mobiles, et le level design tout en verticalité.

Mais qui dit shooter looter dit shoot. On va donc défourailler des tonnes d’ennemis partout : au sol, dans les airs et sur les toits, dans diverses activités. Mais c’est sur cet aspect que le jeu est le plus décevant : les missions principales et secondaires sont beaucoup trop répétitives et les boss vraiment pas mémorables. Un gros manque de variété, qui fait qu’on se retrouve très vite à répéter sans cesse les mêmes actions. Et le bestiaire pas très varié n’aide pas : des soldats, snipers, des hélicos, des tanks, des brutes sac à PV, le tout en version aliens. Ne comptez pas sur le endgame pour apporter ce supplément d’âme, car il n’y a que le niveau de difficulté qui augmente. Les combats de Suicide Squad : Kill the Justice League ont beau être réussis, lorsqu’il y a beaucoup d’ennemis et qu’on envoie la sauce, on est vite submergé au point de ne plus trop comprendre ce qui se passe, une bouillie multicolore extrêmement gênante qui rend l’action parfois illisible.

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Pourtant, on prend du plaisir manette en main puisqu’il y a quelques subtilités de gameplay, comme par exemple des ennemis insensibles aux armes à feu qu’on doit d’abord attaquer au corps-à-corps pour briser leur bouclier. Dans le même genre, si on veut récupérer notre bouclier, on doit viser les jambes, attendre de voir la commande s’afficher, et faire une attaque capture de bouclier avec l’attaque au corps-à-corps. On dispose d’une « Attaque acrobatique », sorte de “super” propre à chaque perso pour faire de gros dégâts, un « Coup suicide » qui fait office de finisher pour terrasser directement un ennemi avec une mise en scène léchée, et un « Boost d’escouade » qui profite à tous les anti-héros comme son nom l’indique.

Un gameplay qui tourne vite en rond

Côté loot, c’est aussi un peu décevant. On retrouve les traditionnelles couleurs de rareté typique des jeux du genre, mais il ne pleut pas du loot à la Borderlands ou Diablo. Pour chaque activité achevée, on reçoit notre coffre avec un ou plusieurs loots dedans (armes, grenades, bouclier, armes de cac et autres puces). Côté armes, on a droit à sept catégories de pétoires différentes (sniper, fusil assaut, pistolet, gatling, pistolet mitrailleur et pompe) et chaque membre de la Task Force ne peut porter que quatre armes en combat. Le Pingouin fait office de marchand d’armes, chez qui on pourra, moyennant diverses ressources glanées durant nos activités, remanier nos pétoires et en modifier les statistiques. Ou carrément forger une arme de la rareté que l’on souhaite avec des stats aléatoires. La super-vilaine Poison Ivy peut aussi imprégner nos armes d’affliction pour des attaques élémentaires (feu, électricité, poison, glace) avec des bonus et des malus. On retrouve un arbre de talents pour chaque membre, avec des points à mettre dans trois colonnes. Mais à la différence de Borderlands, on ne spécialise pas vraiment dans telle ou telle statistique. On dépense son point dans la colonne de gauche puis au prochain niveau dans celle du milieu et ainsi de suite jusqu’au niveau max. À la fin, les builds finissent donc par tous se ressembler. Le jeu fait le choix d’un système de combo. Plus il est long, plus on fait de dégâts liés aux compétences choisies dans notre arbre de talents. Par exemple, à partir d’un combo de 50 ou plus on pourra faire 100% de dégâts critiques en plus, etc.

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Côté technique, c’est mitigé. On sent qu’on est devant un jeu entièrement next gen, mais le framerate a tendance à toussoter dès lors que l’écran se charge en ennemis et en effets divers. Jeu service oblige, il faudra voir sur la durée si le contenu s’avère assez régulier et fourni pour nous donner envie d’y retourner régulièrement. Pour l’heure, plusieurs contenus gratuits et payants ont déjà été annoncés.

Verdict: 6/10

Suicide Squad : Kill the Justice League est un jeu paradoxal. Si on salue l’audace du studio londonien de proposer autre chose qu’un énième Batman, force est de constater qu’il se prend un peu les pieds dans le tapis du jeu service de type shooter looter, malgré toute sa bonne volonté,. La réalisation léchée et le fun manette en mains laissent assez vite leur place à la lassitude devant des activités rébarbatives, après quelques heures à nettoyer les aliens dans Metropolis.

Dernière modification le 21/02/2024 à 17:37.

Suicide Squad : Kill the Justice League

Critique rédigée par Ataru
Publié le 21/02/2024 à 17:35
Edité le 21/02/2024 à 17:37

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