Avatar mini Se connecter

Pacific Drive

Paranormal Road Trip

Une zone d’exclusion olympique, des phénomènes étranges et des bagnoles en ruine. Non, ce n’est pas Paris en temps de JO, mais l’univers étrange de Pacific Drive, nouveau jeu d’exploration et de survie signé Ironwood Studio. Embarquement immédiat pour un road trip immersif, aux frontières du paranormal.


Dès le début de Pacific Drive, on est un peu paumé. Notre personnage se trouve dans la zone “d'exclusion olympique“ (non, ce ne sont pas les logements du CROUS), une zone barricadée et laissée à l’abandon depuis des décennies, suite à des expériences scientifiques ayant a priori mal tourné. Fort heureusement, on rencontre assez vite notre compagnon d’infortune, celle qui ne va plus nous quitter durant ce long périple : notre voiture. Ou plutôt, une bonne vieille “merguez”, comme on dit dans le jargon. Et cette merguez, quoi qu’on fasse, restera toujours une merguez. Portes arrachées, direction qui part en vrille, carrosserie en lambeaux, il y a toujours un truc qui coince. Quoi qu’il arrive, on n'arrivera jamais à obtenir notre voiture de rêve, et il faudra faire preuve de skill de pilotage pour ne pas tomber dans le ravin. C’est d’ailleurs là toute la proposition du jeu : faire de cette chiotte une chiotte “un peu moins chiotte”.

Upload


Et pour cela, on trouve des garages disséminés un peu partout. On y passe d’ailleurs le plus clair de notre temps lorsqu'on ne conduit pas. Des endroits précieux, pour deux raisons. D’abord, ce sont les seuls endroits sûrs de cette zone hostile. Ensuite, c’est ici qu’on va pouvoir réparer et optimiser notre carlingue. Kit de colmatage, roues, tout y passe. L’arbre de technologies est très fourni, et surtout, tout a une utilité. On se prend donc rapidement au jeu d’optimiser sa caisse selon nos besoins. Mais pourquoi donc ? Eh bien, pour se frayer un chemin dans cette zone et avoir une chance de trouver une sortie ! L’aspect narratif est très similaire à un Subnautica : tout le fil rouge nous est délivré par des conversations radios avec des scientifiques qui semblent eux aussi bloqués dans cette zone. On regrette toutefois l’absence de doublage français. La narration étant essentiellement délivrée lors des phases de conduite, il est parfois difficile de regarder la route, et les sous-titres en même temps. La prise en main se montre assez aride au départ. Chaque geste doit être réalisé “à la mano” : on allume son moteur, puis ses essuie-glaces, avant de démarrer. Et chaque action a des conséquences sur la voiture. Les essuie-glaces bouffent la batterie. On est donc autant pilote que “gestionnaire”. Le jeu nous offre la possibilité de jouer en mode simplifié, évitant toutes ces manipulations, mais cela diminue vraiment l’intérêt du jeu. Ouvrir la portière, courir chercher une pièce dans son coffre en entendant son compteur Geiger s’affoler a quelque chose de très immersif. Carton rouge aux menus par contre, clairement pas ergonomiques pour un sou, même à la souris. Et à la manette, n’en parlons pas.

Pacific Drive n’est pas vraiment un monde ouvert. Il faut plutôt y voir une suite d’embranchements que l’on débloque à mesure de notre progression, comme une toile d’araignée. Globalement, la boucle de gameplay de Pacific Drive peut se résumer ainsi : préparer notre voiture, programmer son trajet, s’arrêter en route pour désosser des carlingues et looter des bâtiments, revenir au garage sain et sauf. Tout un programme. On ressent une vraie sensation de montée en puissance. Au départ, on se rend un croisement plus loin, puis deux, puis trois, puis on trouve une voie rapide… On cherche des matériaux dans les carcasses de voitures, labos et autres bâtiments pour améliorer notre titine (batterie, autonomie, résistance aux radiations par exemple) et aller de plus en plus loin, dans l’espoir d’atteindre un jour le centre de la zone d’exclusion. Mais gare à ne pas être trop gourmand, car le jeu a vite fait de nous rappeler qu’on reste très vulnérable. Lors des excursions, nos plans pourtant sans accroc sur le papier sont constamment cassés, par des pannes ou des éléments extérieurs divers (que je ne spoilerai pas pour garder la surprise). Il faut également veiller à bien gérer nos ressources (notamment le précieux carburant) pour être sûr d’arriver à bon port. Ce gameplay, d’apparence simple et basique, se révèle extrêmement efficace et addictif. Foncer à travers la forêt avec sa carlingue qui fuit de partout, pour atteindre la colonne de lumière synonyme de portail (et donc d’abri); prendre un peu de repos au garage sur un petit air de blues, avant de repartir. Telle est la vie qu’on a décidé de mener.

Upload


Histoire de pimenter un peu plus nos expéditions, des anomalies viennent régulièrement nous frapper. Elles infligent divers maux à notre voiture : portes qui s’ouvrent toutes seules ou accélération spontanée tentent par exemple de nous mettre dans le fossé. Cela nous oblige à revenir au garage pour trouver la source du problème. Après avoir mis les mains dans le cambouis, on se rend alors compte qu’en dessous d’un certain niveau de batterie, la voiture prend seule la décision d’appuyer sur le champignon. Chaque run est donc unique, car les anomalies sont totalement aléatoires. Et si ce ne sont pas les anomalies qui viennent à notre rencontre, c’est une ribambelle de bestioles en tout genre. Intrigantes, mais jamais hostiles; le but n’est pas de les éliminer, mais de les scanner pour en apprendre davantage sur le lore du jeu. Des informations qui restent assez cryptiques, mais cela participe à l’atmosphère étrange du titre. Globalement, le jeu est bourré de petits secrets qui chamboulent notre approche de l’univers et du système de jeu. De quoi relancer notre intérêt sur la trentaine d’heures nécessaires à en voir le bout (car oui, sans spoiler, il y a bien une “vraie” fin à Pacific Drive). Malgré son ambiance anxiogène, le jeu reste très accessible. Passé les premières heures, on devient de plus en plus serein face aux anomalies et autres accidents de parcours, au point de parfois prendre le temps de se balader tranquillement. Pacific Drive n’est clairement pas un jeu “hardcore”.

Upload


Finissons par le traditionnel point technique. Le titre d'Ironwood Studio n’est pas moche, loin de là, mais on ne peut s’empêcher de penser qu’il lui manque un petit quelque chose pour nous marquer davantage. Le rendu est assez rudimentaire, et la direction artistique un peu générique. Le manque de diversité dans les environnements traversés n’aide pas. Malgré cela, le jeu arrive par moment à nous poser des ambiances très sympas, lorsqu’on se sent en sécurité dans son petit cocon, les phares dans la nuit et la pluie battante sur le pare-brise. L'excellente gestion des lumières n'y est pas étrangère. L’OST, quant à elle, se montre juste divine, avec des morceaux pop, rock ou blues qui collent parfaitement à l’ambiance. Abattre des kilomètres dans cet environnement hostile, avec pour seul accompagnement notre petite radio, bien au chaud dans notre épave roulante, a quelque chose d’hypnotique.

Verdict: 8/10

Pacific Drive est une très bonne surprise. Dans un genre où règnent déjà des mastodontes, il s’en tire avec une mention plus qu’honorable. Certes, le début ne fait pas autant rêver qu’un Subnautica et sa folie des profondeurs (et la prise en main assez rigide n’aide pas), mais une fois dedans, difficile de lâcher la manette. La boucle de gameplay à base de préparation et d’exploration est simple, mais efficace. À tel point que tel un bon livre, on n’a pas envie d’en voir la fin.

Pacific Drive

Critique rédigée par Ataru
Publié le 07/03/2024 à 12:12

Commenter