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Unicorn Overlord

Le secret de la Licorne

Après l’excellent 13 Sentinels : Aegis Rim, Vanillaware revient aux affaires avec Unicorn Overlord, RPG tactique en temps réel. Le petit studio japonais nous livre son jeu le plus ambitieux, de l’aveu même des développeurs. La pression était donc bien présente, au moment de poser les mains sur le titre, calé entre les gros mastodontes de ce début d’année 2024. Et le résultat est pour le moins surprenant.


Un univers médiéval fantastique, une proposition stratégique et RPG, à première vue, Unicorn Overlord a tout du bon vieux jeu de stratégie à papa. Pour en rajouter, son esthétique rappelle fortement Dragon’s Crown ou Odin Sphere, deux jeux du même studio sortis il y a quelques années. Dès les premières scènes, le titre nous en met plein la vue, avec sa 2D “fait main” et ses effets de lumières magnifiques. Une identité visuelle forte, dont Vanillaware a le secret. Le scénario est quant à lui vu et revu : un grand méchant nommé Favrith a envahi l’ensemble des royaumes libres, qui vivent désormais sous son joug. Fort heureusement, la reine de l’un des royaumes a eu la bonne idée de mettre son fils Alain en sécurité sur une île au large, avant d’aller se sacrifier devant l’ennemi. Petit Alain étant devenu grand, il décide de lever une armée pour aller botter les fesses du grand méchant pour faire revenir la démocratie (monarchique bien entendu). Unicorn Overlord use d’à peu près tous les clichés du genre fantasy, et ne s’embarrasse clairement pas d’un scénario recherché ou original. Si on comprend que le genre est bien essoré depuis le temps, on attendait tout de même un peu plus de la part de Vanillaware su cet aspect, après la maestria de 13 Sentinels. Les personnages sont aussi en retrait, et aucun n’est vraiment charismatique ou marquant. On finit par s’y attacher tant bien que mal, mais il ne faut clairement pas attendre d’Unicorn Overlord qu’il nous happe par sa narration ou par ses choix. Heureusement, le scénario se bonifie quand même avec le temps, les arcs narratifs de certains personnages élevant le niveau.

L'école du gameplay

Au diable l’originalité scénaristique, le jeu de Vanillaware met tout dans son gameplay et ses systèmes. Un système mine de rien assez original, puisque contrairement à de nombreux jeux du genre, il repose sur du temps réel avec pause active. L’essentiel du jeu consiste à préparer ses unités en fonction des unités adverses, puis de gérer en temps réel la bataille, sur plusieurs fronts. Un gameplay assez déroutant de prime abord, car il repose sur la planification pure. On n'a jamais le contrôle direct sur nos actions. Dès que nos unités rencontrent des ennemis sur la carte, on a droit à une petite transition et un combat automatique (que l’on peut skipper), où l’on reste spectateur. Il faut donc veiller à bien combiner nos unités, pour tirer le meilleur parti de leurs synergies. Mais également à bien les placer : les tanks à l’avant, les archers à l’arrière... Le système de condition est au cœur du jeu. Celui-ci consiste à bien choisir les capacités de ses personnages, pour qu’elles se déclenchent une fois certaines conditions remplies. Un système qui fait grandement penser aux gambits de Final Fantasy XII. Évidemment, chaque classe de personnage dispose de forces et faiblesses dont il faut tenir compte. Pour venir à bout de notre adversaire, il faut capturer les bases sur la map, et engranger des points de bravoure, nécessaires à déployer de nouvelles unités.

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Les combats automatiques peuvent être assez frustrants de prime abord, car on a l’impression d’être trop passif. Mais une fois passées les premières batailles qui servent de (long) tutoriel, on se rend compte que c’est tout l’inverse : le temps réel amène beaucoup de dynamisme. Il faut constamment s’adapter aux situations, et les renversements sont légion. Combien de fois pense-t-on avoir tout bien planifié, et paf, notre bon plan bien huilé tombe à l’eau. La faute à l’apparition de nouvelles unités ennemies, ou à des attaques placées là où on ne les attendait pas forcément. Trouver la combinaison d'unités un peu “craquée” pour rouler sur l’ennemi est également un plaisir non-négligeable (coucou la team archers de flamme et fantassins). Planifier, adapter au mieux sa stratégie et gérer ses ressources face aux “aléas du direct”, voici la boucle de gameplay d’Unicorn Overlord. Il faut cependant passer par une masse d’informations à digérer durant les premières heures. Le gameplay s’enrichit au fil du temps de jeu, à mesure que l’on débloque de nouvelles classes, ce qui donne lieu à des batailles de plus en plus complexes et stratégiques. Comme le bon vin, Unicorn Overlord est un jeu qui se bonifie avec le temps. Mais il est aussi à consommer avec modération: le contenu du jeu est juste colossal. Entre le scénario principal, les quêtes annexes et le mode Colisée, il y a facilement matière à s’occuper pendant plus de cinquante heures.

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Il y a cependant un revers à la médaille : à mesure que l’on progresse, on finit par créer des tonnes d’escouades. Il faut donc aimer passer des heures dans les menus, à peaufiner ces équipes. Problème : les différentes classes se débloquent lentement. Résultat : à chaque fois qu’on obtient une nouvelle classe, il faut repenser toutes ses escouades de zéro, ou presque. Exemple : je débloque une nouvelle classe qui synergise bien avec mon druide. Très cool, sauf que le druide s’avère être la clé de voûte de mon autre escouade. Si je le déplace, je dois donc repenser totalement mon escouade. Je peux aussi choisir de recruter un autre druide, mais il faudra repasser par des heures de grind pour le mettre au même niveau que le précédent. Cela a de quoi finir par décourager, après quelques fois. D’autant que l’ergonomie des menus n’aide pas. La principale qualité d’Unicorn Overlord, la planification, est donc également son principal défaut ; car elle n’est pas toujours en harmonie avec la progression globale. Les allergiques aux menus peuvent donc clairement passer leur tour. Pour les autres, comme moi, qui sont absorbés dans la préparation et la recherche de la perfection dans leurs compositions, il y a non seulement la trame principale, mais également le Colisée. Celui-ci consiste à affronter des véritables joueurs dans des batailles en ligne. De quoi apporter un contenu endgame quasi infini.

Verdict: 7/10

Avec Unicorn Overlord, Vanillaware voyageait en terre inconnue. Un genre que le studio n’avait jamais traité, celui de la stratégie en temps réel. Une incursion globalement réussie, même si le jeu ne brille pas forcément sur les mêmes aspects qu’un 13 Sentinels : Aegis Rim, à savoir la narration et le développement de ses personnages. Tout ceci est bien anecdotique ici, et ce qui compte, c’est le gameplay plutôt riche et addictif. Un titre à recommander aux férus de stratégie, qui n’ont pas peur de passer des heures dans les menus à la recherche de la team parfaite.

Dernière modification le 03/04/2024 à 16:43.

Unicorn Overlord

Critique rédigée par Ataru
Publié le 18/03/2024 à 12:29
Edité le 03/04/2024 à 16:43

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