Le premier Dragon’s Dogma est sorti sur PlayStation 3 et Xbox 360 dans la première moitié de l’année 2012. Prometteur avec son univers médiéval et ses affrontements épiques, il a un peu été boudé par les joueurs à sa sortie en sortant peu après Skyrim et Dark Souls. Plusieurs années et un DLC plus tard, le jeu rencontre le succès avec un total de 7,5 millions de ventes. Il n’en reste pas moins que ce dernier a eu une fin de développement difficile et que les ambitions des développeurs n’avaient pas pu être entièrement réalisées. Capcom nous propose aujourd'hui une suite 12 ans après, en ayant laissé beaucoup plus de moyens et de temps à ses développeurs: est-ce que cela aura payé ? Nous allons voir ça dans ce test.
La première question que l’on pourrait se poser est « Est-ce que je dois jouer au premier pour jouer au 2 ? » et la réponse est clairement non. Capcom a l’air de complètement s’affranchir de l’héritage de la licence à un point tel que, sur l’écran de démarrage du jeu, le chiffre 2 n’apparaît même pas. Seul « DRAGON’S DOGMA » s'affiche sur l'écran titre.
Pour le reste, je n’ai pour ma part que très peu joué au premier opus, et je ne saurais donc pas dire si les références sont nombreuses à ce dernier. Cependant, rien ne m’a gêné dans la compréhension du jeu et ce dernier semble se suffire à lui-même, ce qui renforce mon idée d'avoir affaire à un « reboot ». Côté réalisation, le jeu est beau mais plutôt mal optimisé (je joue pourtant avec une RTX 4080), surtout en ville où de grosses chutes de framerate peuvent être observées que ce soit sur console comme sur PC. Capcom a néanmoins indiqué travailler sur le sujet avec des patchs qui arriveront prochainement.
Si vous attendez un excellent scénario plein de rebondissements avec une mise en scène digne des derniers jeux Sony, vous serez déçu. Pour résumer, vous êtes une sorte d’élu qui s’est fait voler son cœur par un dragon, et vous cherchez bien sûr à le récupérer. Cet élu, « l’insurgé », est censé devenir roi. Cependant, un usurpateur se fait passer pour vous, et le but va être de le démasquer et de retrouver votre place. Le scénario est un prétexte pour aller se balader dans le monde, accomplir des quêtes, se battre et explorer. Et pour ce faire, vous aurez avec vous des alliés de taille : les pions. Ce sont des alliés que vous pouvez recruter auprès de pierres spéciales pour qu’ils vous accompagnent dans votre aventure, ceux-ci étant contrôlés par l'IA. Cette fonctionnalité, déjà présente dans le premier jeu, est à mes yeux une bonne idée, qui apporte des bénéfices tant pour l'exploration que pour le gameplay des combats (nous y reviendrons). Vous pourrez avoir jusqu'à 3 pions, un principal que vous allez créer vous-même et qui montera de niveau avec vous, et jusqu’à deux pions qui seront ceux d’autres joueurs que vous serez allés chercher aux pierres mentionnées plus tôt. Il faudra cependant changer régulièrement ces derniers car ils ne montent pas de niveau avec vous.
Un des grands avantages de ce système est que les pions d’autres joueurs auront gagné des connaissances que vous n’avez peut-être pas. Prenons un exemple : un autre joueur a terminé une quête que vous n’avez pas encore faite. Si vous recrutez le pion de ce joueur, ce dernier se rappellera de la quête et pourra vous amener à l’endroit précis qu’il faut pour la résoudre, ce qui peut être utile, étant donné que beaucoup de quêtes vous demandent d’explorer sans pouvoir compter sur des marqueurs sur la carte. Pareillement, si un joueur a déjà ouvert un coffre caché (entres autres choses), le pion de ce joueur pourra vous conduire jusqu'à lui. Ce système rajoute vraiment quelque chose aux phases d’exploration.
Une fois que vous avez constitué votre équipe, vous pouvez aller explorer librement, mais pour cela vous aurez besoin de pouvoir vous défendre. Pour cela, le jeu vous propose 4 classes au départ (sur un total de 10 dans le jeu) qui sont : le guerrier, l’archer, le voleur et le mage. Votre choix change radicalement votre façon de jouer. Le guerrier est en première ligne avec son épée et son bouclier et peut prendre l’aggro des ennemis, le voleur peut arriver par derrière et donner des coups mortels aux ennemis, le mage peut envoyer des sorts à distance et soigner, etc. Vous pouvez jouer de la façon que vous voulez et surtout faire la composition que vous voulez car vos pions ont aussi accès à ces classes.
Le gameplay des combats est très bon. Au départ, il se compose de 1 ou 2 attaques de base (avec carré et triangle sur une manette PlayStation) et de compétences uniques à votre classe que vous débloquez à force de jouer. En effet, vous gagnez des points de classe et des niveaux de classe en combattant, et vous pouvez les dépenser pour acheter de nouvelles compétences et effets passifs. Ce système est extrêmement addictif et motivant. D'une part, monter une classe rien que pour voir les nouvelles compétences est prenant. D'autre part, votre personnage est personnalisable à souhait et peut changer de classe, et le fait de monter de niveau dans chaque classe permet de récupérer des compétences passives qui peuvent être utilisées sur n'importe quelle classe par la suite. Par exemple, vous pouvez avoir un passif de guerrier pour avoir plus de points de vie en jouant en tant que mage, ce qui permet d'avoir un mage "tank". En plus de tout cela, le gameplay des combats est énormément basé sur les mouvements et le placement. Par exemple, sur de gros ennemis (comme les cyclopes ou les griffons), vous pouvez vous accrocher, grimper et vous déplacer sur ces derniers. Vous pouvez ensuite vous placer sur des points stratégiques comme la queue ou la tête pour couper un membre ou infliger plus de dégâts. Le fait de pouvoir grimper aux ennemis à la Shadow of the Colossus est grisant. À cela s'ajoute la possibilité d'utiliser le terrain à votre avantage: tonneaux explosifs, rochers en équilibre que vous pouvez faire tomber, ponts instables que vous pouvez détruire alors que des ennemis sont dessus, etc. sont d'autant de façons inventives de jouer et de vaincre vos ennemis.
La caractéristique la plus intéressante du jeu, à mes yeux, est la possibilité de pouvoir jouer n'importe quelle classe de manière viable (bien qu'il y ait des classes plus fortes que d'autres) grâce, justement, au système de pions. Si vous êtes quelqu'un qui préfère jouer bourrin, vous pouvez prendre le guerrier et prendre des pions archers et mages pour vous couvrir. À l'inverse, si vous êtes un joueur à distance ou furtif, vous pouvez jouer mage ou voleur et choisir des pions guerriers qui prendront l'aggro pour vous. Tout est possible au niveau du gameplay et les excellentes animations combinées aux musiques et au feeling des armes rendent chaque affrontement épique. En résumé, le système de combat est une réussite et nous donne énormément de liberté et constitue, pour moi, l'un des meilleurs de ces dernières années.
Le monde de Dragon’s Dogma 2 est totalement ouvert, à la manière d'un Elden Ring ou d'un Breath of the Wild. Après une brève introduction, vous vous retrouvez dans une forêt et êtes libre de vos actions: vous aurez le choix entre suivre la quête principale, réaliser des quêtes secondaires ou simplement vous balader. Comme dit précédemment, les quêtes secondaires ont souvent des moments où presque rien n’est indiqué et où le jeu vous force à explorer, ce qui est ludique au début. On voit une tour au loin ou une falaise, on a envie d’y aller et on s'y rend pour y trouver un coffre avec une nouvelle arme, une nouvelle armure ou des consommables. Rapidement, la routine s'installe et toutes les phases d'exploration se ressemblent : une tour ou une grotte avec des ennemis et un coffre, souvent avec une récompense peu intéressante. Qui plus est, les armes que l'on peut acheter dans les villes sont aussi bonnes voire meilleures que celles de la majorité des coffres.
Il manque quelque chose à l’exploration pour qu’elle soit vraiment gratifiante: à la fin, on arrête un peu de tout explorer. Il aurait peut-être fallu des récompenses plus marquantes en terme d'équipements, et aussi de meilleurs panoramas qui, même s'ils existent, sont peu nombreux. Le fait que l’on ne puisse pas faire 10 mètres sans se faire agresser par un groupe d’ennemis n’aide pas non plus, malgré un système de combat excellent: il est un peu pénible de se faire interrompre toutes les 20 secondes quand on veut juste aller d’un point A à un point B. D'autant plus que le bestiaire est assez pauvre et se compose majoritairement de gobelins, de sauriens (sorte de lézards aquatiques), d’humains et de harpies, si l'on fait exception des fois où on rencontre des mini-boss pendant que l'on explore, comme des cyclopes ou des griffons, même si une plus grande variété de mini-boss n’aurait pas été de refus non plus. L'exploration dans Dragon's Dogma 2 apporte donc autant de moments d'excitation, comme quand on découvre un lieu caché avec un ennemi imposant et un beau panorama, que de frustration, quand on veut se rendre dans une grotte copiée/collée 10 fois avec le même type de récompense en étant interrompu toutes les 30 secondes par des gobelins sur le chemin.
Malgré ses défauts, j’ai personnellement adoré Dragon’s Dogma 2 grâce à son système de combat. Il n’est cependant pas à mettre entre toutes les mains, et il faut être conscient de ce dans quoi on s’embarque. C'est un jeu qui ne prend pas par la main (il y a peu d’indicateurs de quêtes), qui a un scénario et une mise en scène très basique, mais qui propose un gameplay extrêmement bon et une exploration qui, bien qu'imparfaite, est assez intéressante. Je le conseille donc aux personnes qui sont plutôt de l’école du gameplay dans les jeux vidéo. Dans le cas contraire, j’ai peur que vous n'y trouviez pas votre bonheur.
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