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Sand Land

La traversée du désert?

Il y a maintenant quelques semaines, nous perdions un des plus célèbres mangakas de l’Histoire, Akira Toriyama. Hasard des choses, c'est aujourd'hui une de ses œuvres méconnues qui revient sur le devant de la scène, Sand Land. Traversée du désert ou oasis cachée, on passe au crible le jeu du studio ILCA.


Dans l’univers du manga, Sand Land est ce qu’on appelle un “one shot”. Sorti en 2000 dans le Weekly Shônen Jump et coincé entre la fin de Dragon Ball Z et le début de One Piece, l’œuvre de Toriyama-San est passée relativement inaperçue à l’époque. Avant de trouver une seconde jeunesse ces derniers mois, avec la sortie d’un film d’animation au Japon en 2023, et l’arrivée de la série sur Disney+ en mars dernier. Et qui dit série dit souvent adaptation vidéoludique. Sand Land rejoint donc la longue liste des jeux vidéo à licence, avec des résultats contrastés.

Derrière des enjeux connus, un univers original et rafraîchissant

Sand Land nous propose un univers assez original. Le monde a été dévasté par les humains (encore eux) et leur satanée guerre. Résultat : notre belle planète s’est transformée en un espèce d’immense désert à la Mad Max dans lequel chacun cherche à survivre. Et pour cela, il faut de l’eau, beaucoup d’eau. Mais les humains s’étant plus ou moins entretués, le désert est habité par des monstres étranges en tout genre. Parmi eux, des espèces de démons kawaii. On incarne un de ces démons, le jeune Beelzébub, fils du roi de sa tribu (très ressemblant à Dabura de Dragon Ball). Toute la tribu n’a pas un très grand respect pour les humains et leurs vices (étonnant pour des démons), jusqu’au jour où un vieux monsieur débarque dans leur colonie et leur propose de partir ensemble en quête de la source d’eau qui résoudrait tous leurs problèmes. C’est alors qu’on part à l’aventure avec deux compères dans une collaboration improbable entre démons et humains pour sauver la population en manque d’eau. Si les thèmes comme l’écologie ou l’impact de l’Homme sur l’environnement ont déjà été traités ailleurs, la façon dont ils sont traités ici est plutôt originale. Derrière des enjeux mine de rien assez importants et graves se cache un jeu bourré d’humour à la Toriyama: par exemple, Beelzébub est un gamer invétéré qui se laisse convaincre de partir à l’aventure en promesse d’une toute nouvelle console. Les amateurs de Dr. Slump, une autre oeuvre de Toriyama, ne seront pas dépaysés. Globalement, le jeu reprend la trame de l’animé, en se permettant quelques petits changements de mise en scène pour coller au gameplay.

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Sand Land est un semi-monde ouvert avec de grandes zones connectées entre elles. Alors franchement, moi qui ne suis déjà pas fan de mondes ouverts, j’avoue être parti avec quelques a priori : un semi-monde ouvert désertique, cela ne me faisait pas rêver sur le papier. Finalement, j’ai été plutôt agréablement surpris par la variété des environnements : grottes, bases, villages, oasis… L’ensemble fonctionne plutôt bien, et donne envie d’en voir plus, du moins durant les premières heures. D’autant que s’il n’est pas un étalon graphique, le titre tient la route, grâce à son cel shading et à sa direction artistique vraiment réussie. Le framerate, quant à lui, ne bronche pas, et maintient ses 60 images par seconde en toutes circonstances. Évidemment, le jeu fait la part belle à l'exploration, à pied, mais surtout en véhicule. La passion de Toriyama pour les véhicules, que l’on pouvait déjà voir dans Dragon Ball Z, transpire encore plus dans Sand Land. Les moyens de locomotion sont essentiels pour traverser ce désert hostile. On trouve donc des voitures, motos, tanks, mais aussi des véhicules plus originaux, comme le robot sauteur, qui nous permet d’atteindre certaines plateformes en hauteur en bondissant comme une sauterelle. Certaines zones nécessitent un véhicule pour y parvenir et certains ennemis doivent être combattus avec le tank. On peut changer de véhicule à la volée d’une simple pression sur la gâchette. Mention spéciale au lancer de capsule, qui rappelle fortement Dragon Ball. Bien évidemment, nos véhicules peuvent être améliorés en parcourant le désert et en découvrant des coffres et des matériaux disséminés un peu partout. On peut customiser ses véhicules sur l’aspect esthétique mais également fonctionnel : arme basique, arme secondaire, moteur, boost, etc. Les combats à bord des véhicules se montrent assez satisfaisants, notamment le tank. Il faut rester mobile, bien viser et switcher entre arme principale et secondaire, tout en prenant garde à recharger au moment opportun. Simple et efficace.

Malheureusement, une autre partie des affrontements repose sur des combats au corps-à-corps, beaucoup moins réussis. Une attaque rapide sur carré, une attaque lourde sur rond, et une spéciale sur triangle. Ajoutez l’esquive sur R2 et voilà un système ô combien basique. Les ennemis ne disposent que d’une ou deux attaques, très faciles à lire, et ne sont pas très réactifs. L’ensemble manque clairement de dynamisme et de variété: on a l’impression de faire toujours la même chose quel que soit l’ennemi. L’arbre de compétences et les capacités spéciales de nos acolytes - que l’on peut déclencher en combat - n’y changent rien : tout au long du jeu, les combats au sol restent mous, très mous. Quelques phases d’infiltration viennent parsemer la progression, sans être transcendantes : passer dans le dos des ennemis pour leur mettre une attaque surprise, exploiter un peu la verticalité du level design en leur passant au-dessus, en équilibre sur un fil… Des choses déjà vues et revues ailleurs. Quelques phases de plates-formes à scrolling horizontal en vue de profil viennent également se glisser dans la progression. Plutôt sympa.

Un gameplay et un level design fades

Mais le principal souci de Sand Land tient à sa formule en monde semi-ouvert. Passée la découverte, on se rend vite compte que toute cette étendue ne sert pas à grand-chose, sinon nous amener d’un point A à un point B. Le monde manque clairement de vie. On croise juste quelques groupes d’ennemis par-ci par-là, mais la sensation d’exploration est aux abonnés absents. Des coffres à loot disséminés un peu partout nous permettent d’acquérir les matériaux nécessaires à crafter de nouveaux équipements. Leur recherche consiste exclusivement à suivre des indicateurs en gros sur le HUD. La plupart ne représentent pas non plus de défi particulier pour les atteindre, le level design étant malheureusement assez pauvre. Au final, on ne prend pratiquement aucun plaisir à explorer, et on finit bien vite par rusher à travers le désert pour faire avancer le scénario. D’autant plus que tout ce loot ne sert finalement pas à grand-chose. Hormis dans les modes de difficulté les plus élevés, il n’est pas vraiment nécessaire d’améliorer ses véhicules pour progresser dans l’aventure. Globalement, le jeu manque vraiment de rythme : entre deux missions principales, il ne se passe pas grand-chose. Et les missions principales en elles-mêmes ne sont pas très intéressantes.

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Que reste-t-il alors de ce Sand Land ? Hormis sa patte graphique charmante, son écriture et son scénario, pas grand-chose. Pour les fans du manga et de la série, le jeu permet toutefois d’étoffer l’univers. Malgré tous ses défauts, Sand Land reste une petite sucrerie très “charmante”, essentiellement parce qu’il respecte l’esprit de l'œuvre originale. Les adeptes du manga, mais aussi les amateurs du trait et de l’humour d’Akira Toriyama pourraient donc y trouver leur compte malgré tout.

Verdict: 6/10

Pour cette première (et dernière ?) incursion de Sand Land dans le monde du jeu vidéo, Bandai a voulu jouer la carte de l’accessibilité. Très classique dans son gameplay, et très répétitif dans ses mécaniques, le titre reste toutefois une adaptation efficace du manga d’Akira Toriyama. Il ne faut cependant pas en attendre plus qu’une bonne petite sucrerie destinée avant tout aux amoureux de l'œuvre originale.

Action rpg Bandai PS5 RPG Sand Land

Critique rédigée par Ataru
Publié le 07/05/2024 à 11:31

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