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Mot de passe perdu ?

Absolum

Absolute gaming?

Sur un marché du Rogue-Lite bien saturé, difficile de tirer son épingle du jeu. Encore plus quand on débarque quelques jours après Hadès 2, un des jeux les plus attendus de l’année. Pas de quoi effrayer Dotemu, qui continue sur sa lancée après un très bon Ninja Gaiden Ragebound en nous sortant Absolum, sorte de mix entre Streets of Rage 4 et Dead Cells. Le mix absolu ? Oui !



Le gameplay beat 'em up directement inspiré de Streets of Rage 4 : vendu. La direction artistique façon BD franco-belge : vendue. L’univers dark fantasy : vendu également. Pour moi, Absolum cochait d’emblée presque toutes les cases. Sauf une. MA crainte principale : cette mécanique rogue-lite dont je ne goûite que très peu et qui, mal implémentée, peut transformer une expérience sympathique en calvaire répétitif. Heureusement, le jeu déjoue brillamment ce piège en proposant une approche assez originale, et remarquablement équilibrée.

Dans Absolum, on débarque à Talamh, un monde dark fantasy ravagé par un cataclysme causé par des mages un peu trop avides de pouvoir. La magie est désormais mal vue, au point que le roi soleil Azra décide de faire une razzia sur toutes les sources de magie qui persistent dans ce monde. Son but : asservir tous les magiciens restants, en éliminant tous ceux qui lui résistent. Notre mission est donc simple : incarner un des résistants pour tuer le tyran. Allez de la gauche vers la droite d’une map pour latter la tête d’un méchant, on connaît, cela s’appelle un beat 'em up, direz-vous. C'est la première bonne idée du jeu : au lieu d’enchaîner des stages sans véritable lien, on a droit à une carte du monde avec de multiples embranchements, que l’on peut choisir de parcourir librement. Bien sûr, on trouve certains points de passage obligés, mais les embranchements et les choix ("Vais-je passer par la plage ou par le pont ? Zut, le pont est cassé, passons par les mines.") sont suffisamment nombreux pour ne pas donner l’impression de faire la même chose en boucle. L’aspect rogue-lite ajoute bien sûr de la diversité, en permettant de débloquer de nouvelles quêtes secondaires à mesure de notre progression, et surtout de nos échecs, mais il est particluièrement bien intégré (j'y reviendrai).

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Pour les chevronnés et les nouveaux venus

Depuis l’excellent Streets of Rage 4, l'expertise du studio Guard Crush Games en matière de beat 'em up n’est plus à prouver. L'un des tours de force d'Absolum est son accessibilité immédiate. Même un joueur n'ayant jamais touché de manette depuis la Super Nintendo peut rapidement prendre du plaisir avec seulement deux boutons, avant de pousser plus loin. Au début du jeu, on a le choix entre deux personnages : Karl, un nain à barbe bleue (pourquoi ?) capable d’envoyer des tirs à distance, et Galandra, une épéiste plutôt spécialisée dans le corps-à-corps. À ces deux personnages, viennent s’y ajouter deux autres, que l’on débloque après quelques runs, avec là encore deux archétypes classiques mais bien différenciés (dont je ne dévoilerai pas les détails pour ne pas gâcher la surprise).

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Chaque combattant dispose d’attaques légères et d’attaques lourdes, mais également d’une attaque spéciale spécifique. Cette attaque spéciale consomme du mana, que l’on récupère en tapant sur les ennemis. À mesure de notre progression, on débloque de nouvelles attaques spéciales pour notre personnage (jusqu’à 6 maximum). Là où tout cela devient jouissif, c’est lorsqu’on arrive à enchaîner ces différentes attaques pour envoyer valser nos ennemis et les enchaîner en l’air dans des combos à rallonge. Absolum, c'est encore plus la foire au juggle que Streets of Rage 4. Le système de contre parfait et la mécanique de “clash” (contrer un coup adverse par un autre coup dans le bon timing) viennent étoffer le tout, et se révèlent indispensables à maîtriser contre les boss.

Certains regretteront un système de combat un poil moins technique que celui de Streets of Rage 4, mais c’est un choix clair de la part des développeurs de favoriser l’accessibilité. Bien évidemment, il est possible de partager le canapé avec un ou une amie pour taper sur les ennemis à deux en coopération locale, comme au bon vieux temps. Le multijoueur fait la part belle au juggle, avec des reprises de volée dans tous les sens. Et si personne n’est disponible, il reste le matchmaking en ligne. Malheureusement, le lag est omniprésent, au point de rendre le jeu parfois injouable. Autre souci : la lisibilité. La multitude d’effets visuels ne permet pas de bien distinguer les attaques ennemies et les fenêtres de parade. Sans être un foutoir digne de Shredder’s Revenge à huit joueurs, le multijoueur reste plus fouillis que le jeu solo. Il est également plus facile. Le nombre d’ennemis n’est pas revu à la hausse, ce qui n’est pas forcément une mauvaise nouvelle, car on peut facilement faire le jeu avec un coéquipier novice.

L'art et la manière du rogue-lite

Au cours de notre run, certains modificateurs temporaires apparaissent aléatoirement. Un système qui permet de varier légèrement les builds, et d’éviter la répétitivité, car les zones ne sont pas générées aléatoirement comme dans beaucoup de rogue-lite. Ces modificateurs prennent plusieurs formes : débloquer un quatrième coup pour son combo léger, infliger des dégâts de brûlure ou de cyclone... Des petits bonus qui doivent êtres choisis astucieusement pour maximiser la synergie avec le gameplay de notre perso, même s’il ne faut pas s’attendre à des modifications énormes dignes d’un Hadès 2. Ici, cela reste un léger bonus, qui ne change pas radicalement la façon de jouer un personnage. Les améliorations débloquées en fin de run sont bien plus significatives (par exemple, gagner +25% de points de vie). Dans Absolum, tout avance vite, bien plus vite que dans un Hadès 2 par exemple. Bien sûr, le jeu se boucle plus vite (compter une dizaine d’heures pour en voir le bout, le double pour tout débloquer), mais cela reste dans l’esprit d’un beat 'em up.

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Contrairement à l'approche plus linéaire de Streets of Rage 4, Absolum propose de véritables environnements interactifs. Les cascades permettent de faire chuter les ennemis, les décors très variés nous offrent divers éléments servant de projectiles ou de cache, et la carte du monde ainsi que les quêtes évolutives nous donnent vraiment le sentiment d’explorer un monde cohérent, et qui évolue. A chaque run, des évènements nous font sortir de la routine : un nouveau PNJ qui apparaît, une attaque de gobelins qui n’étaient pas là avant, des marchands… Des petites choses qui paraissent anodines dit comme ça, mais qui font toute la différence en jeu. Dans Absolum, on ne relance pas forcément une run pour débloquer des améliorations de gameplay, mais aussi (et peut-être surtout) pour voir l’évolution de ce petit monde. On ressent vraiment chez les développeurs la volonté de proposer un monde qui évolue constamment, pour nous pousser à relancer une run. Et ça fonctionne. On sent également que les développeurs se sont inspirés de titres légendaires du beat 'em up, à commencer par Golden Axe (on y trouve les mêmes montures à chevaucher, et même les petits lutins à frapper pour leur faire cracher les pièces d’or).

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Une direction artistique à tomber par terre

Visuellement, Absolum tape juste avec son esthétique inspirée de la bande dessinée franco-belge. Supamonks Studios, dont c’est le premier travail sur un jeu vidéo, nous livre une copie parfaite. Les animations à tomber par terre viennent ajouter de la vie aux environnements parcourus, plutôt variés, même si on reste globalement dans le thème dark fantasy. La bande sonore, confiée à Gareth Coker (Ori and the Will of the Wisps) et enrichie par des contributeurs de renom comme Mick Gordon et Yuka Kitamura, accompagne parfaitement l'action sans jamais devenir oppressante.

VERDICT 9/10

Absolum marque un tournant pour Dotemu, qui nous livre une première licence originale. Et quelle réussite! En apprivoisant parfaitement les mécaniques rogue-lite sans sacrifier l'essence du beat 'em up, les développeurs nous livrent une expérience presque parfaite. Des fondamentaux ultra solides, saupoudrés de plein de bonnes idées piochées dans de nombreux rogue-lite, voilà la proposition d’Absolum; qui fait des choses que tout le monde connaît, mais en mieux. A 25 euros, ce serait criminel de passer à côté.

Absolum Beat'em up Rogue-lite

Critique rédigée par Ataru
Publié le 11/10/2025 à 22:50

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